Le Conseil gouvernemental de sécurité nationale (KYSEA) grec a approuvé, mardi, des mesures supplémentaires pour la protection des frontières, dont une extension de son mur anti-migrants à la frontière turque.
Un mur en métal, surmonté de barbelés, pour empêcher les migrants d’entrer en Grèce : le Conseil gouvernemental de sécurité national grec (KYSEA) a autorisé mardi 23 août l’extension de la muraille à la frontière terrestre avec la Turquie, dans la région de l’Evros, au nord-est du pays.
Le mur s’étend actuellement sur 40 kilomètres, et une première extension de 80 kilomètres sera engagée immédiatement, rapporte le journal grec Ekathimerini. À terme, l’objectif serait de clôturer l’ensemble des 220 kilomètres.
Le ministre des Migrations Notis Mitarachi avait annoncé cette première extension le 19 août, déclarant : « Nous ne pouvons pas évoquer une Europe fermée, mais nous ne pouvons pas non plus avoir une Europe où ce sont les trafiquants qui décident de qui peut entrer. » Les travaux ont déjà été entamés en juin.
Le KYSEA a également approuvé un ensemble de mesures, parmi lesquelles l’amélioration des équipements de surveillance électronique et le renforcement des garde-côtes à la frontière maritime. Pour stopper les arrivées de migrants, la Grèce avait déjà investi ces dernières années dans un arsenal ultra-moderne : caméras thermiques et radars high-tech accrochés sur les pylônes le long de la frontière, et même deux canons sonores, positionnés au sud et au nord de l’Evros.
Une pression renforcée depuis la Turquie
Cette annonce intervient alors que le gouvernement grec dénonce une pression renforcée du côté turc de la frontière : “1 500 à 1 700 tentatives (de franchissement) sont effectuées quotidiennement”, a déclaré Notis Mitarachi à la télévision grecque. Selon les données du Haut commissariat aux réfugiés (HCR), plus de 7 900 exilés sont arrivés en Grèce depuis le début de l’année, dont plus de 1100 au mois d’août.
La Grèce accuse régulièrement la Turquie d’ouvrir sciemment ses frontières et d' »instrumentaliser » la migration pour en faire un moyen de pression sur l’Union européenne (UE). Une affirmation démentie par Ankara, qui dit assumer un « fardeau » énorme en accueillant quelque 4 millions de réfugiés sur son sol, dont la plupart ont fui la guerre civile en Syrie.
Quatre morts, dont une fillette, dans un groupe de migrants bloqué sur un îlot de l’Evros
La frontière terrestre gréco-turque est récemment revenue sous le feu des projecteurs : la semaine passée, 38 migrants venus majoritairement de Syrie avaient finalement été localisés par la police grecque après plusieurs jours bloqués sur un îlot du fleuve Evros. Une fillette de 5 ans était décédée sur l’îlot d’une piqûre de scorpion. Des ONG de défense des droits humains et des médias avaient rapporté que ces exilés auraient été victimes de refoulements illégaux entre la Grèce et la Turquie – une accusation qu’Athènes a toujours nié.
Une extension sans fonds européens
L’année dernière, 12 pays, dont la Grèce, avaient demandé un financement de l’UE pour la construction de murs frontaliers, financés par les budgets nationaux. La Commission européenne avait catégoriquement refusé. L’Union ne financera pas « des barbelés et des murs » aux frontières pour empêcher les arrivées de migrants, avait clairement déclaré, le 22 octobre dernier, la présidente de la Commission Ursula von der Leyen.
Selon le journal Ekathimerini, l’extension du mur à la frontière pourra être réalisée avec des fonds nationaux, au cas où la Commission européenne refuse à nouveau la demande de financements de la Grèce.