Les forces de l’ordre ont commencé à démanteler, mardi 16 novembre, un important campement d’un millier de personnes à Grande-Synthe (Nord). Selon la préfecture du département, le camp évacué est « le principal » de la commune. Les migrants doivent être conduits dans des centres « où des places d’hébergement ont été identifiées, dans le Nord et d’autres régions ».
« Sur mon instruction, les forces de l’ordre procèdent à l’évacuation du campement illicite de migrants à Grande-Synthe ce matin, a tweeté le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin. Merci aux policiers et aux gendarmes mobilisés, ainsi qu’aux agents de la préfecture du Nord qui assurent leur mise à l’abri. » Gérald Darmanin a également fait savoir que le démantèlement avait « permis l’interpellation de treize trafiquants de migrants ».
De très nombreux policiers et gendarmes étaient déployés sur place, a constaté un journaliste de l’Agence France-Presse. Des familles avec des enfants et des nourrissons étaient évacuées dans le calme dans la matinée jusqu’à des cars pour être « mises à l’abri ». Dans le même temps, des équipes de nettoyage commençaient à intervenir sur le site, qui abrite l’ancienne sécherie de chicorée Ringot.
« Comme en décembre, les mêmes images, a témoigné sur Twitter le photojournaliste Louis Witter. Les tentes des personnes exilées sont d’abord découpées au couteau par les équipes de nettoyage pour ne pas être réutilisées, avant d’être embarquées. »
Tensions diplomatiques entre Paris et Londres
Selon le cabinet du maire socialiste de Grande-Synthe, Martial Beyaert, près de 1 500 personnes, en majorité des Kurdes, vivaient dans ce camp situé sur une ancienne friche industrielle.
« Il faut trouver une solution pour ces gens-là, d’autant que nous allons arriver en hiver. L’Etat les empêche de prendre la mer et l’Etat les empêche de rester ici, c’est un cercle vicieux », a-t-il plaidé. « L’Etat s’attaque à des personnes qui n’ont rien, sans jamais travailler sur les causes », a pour sa part regretté Anna, coordinatrice à Grande-Synthe de l’association Utopia 56.
Depuis des années, des migrants affluent sur le littoral des Hauts-de-France, dans des villes comme Grande-Synthe ou Calais, dans l’espoir de se rendre au Royaume-Uni, où ils pensent pouvoir trouver du travail, sans être dissuadés par les destructions successives et quasi quotidiennes de leurs campements.
Selon le Royaume-Uni, 22 000 migrants ont réussi à rallier l’Angleterre à bord de petites embarcations depuis le début de l’année ; trois personnes sont mortes et quatre sont portées disparues. Le traitement des migrants est sans cesse dénoncé par les associations qui leur viennent en aide, ainsi que des élus.
« La France est dans une maltraitance d’Etat »
Une commission d’enquête sur les migrations de l’Assemblée nationale doit présenter mardi un rapport, dans lequel elle conclut que « la France est dans une maltraitance d’Etat » envers les migrants sur son sol, selon son président, le député de la Haute-Garonne Sébastien Nadot, du groupe Libertés et territoires (qui rassemble des élus du centre gauche et du centre droit).
A Calais, deux militants associatifs effectuent une grève de la faim depuis le 11 octobre pour dénoncer le traitement « inhumain » réservé aux migrants et réclamer un moratoire sur les démantèlements. Le gouvernement a dépêché un médiateur sur place pour tenter d’apaiser la situation, sans succès.Article réservé à nos abonn
Le maire de Grande-Synthe avait d’ailleurs écrit, au début de novembre, à M. Darmanin pour lui demander de nommer « de toute urgence » un même médiateur pour sa commune. Mais il n’a pas reçu de réponse.
Les tensions entre Londres et Paris se sont encore accrues, vendredi, après que les traversées illégales ont atteint un nombre inégalé, la veille, avec 1 185 migrants ayant réussi à atteindre le sol du Royaume-Uni, qui a qualifié la situation d’« inacceptable ». Lundi, M. Darmanin a répondu que la France n’avait « pas de leçons à recevoir des Britanniques ». Ils « doivent arrêter de nous prendre pour des punching-balls de politique intérieure », a-t-il déclaré sur CNews. « Nous ne sommes ni leurs collaborateurs ni leurs supplétifs. »