Tempête Aurore : « Beaucoup de tentes se sont envolées ou n’ont pas supporté le poids de l’eau »
22 octobre 2021La tempête Aurore qui a frappé le nord de la France dans la nuit de mercredi à jeudi n’a pas épargné les camps de fortune, notamment à Grande-Synthe et Calais, où vivent presqu’un millier de migrants dans les bois. De nombreux exilés « en détresse » ont appelé toute la nuit les ONG pour obtenir de l’aide. Leurs abris ont été détruits par la force du vent et les tentes n’ont pas résisté aux fortes pluie.
La tempête Aurore qui a balayé le nord de la France, dans la nuit de mercredi à jeudi 21 octobre, a provoqué des dégâts dans les camp de migrants situés sur le littoral de la Manche. Sans surprise, les vents violents, à plus de 150 km/h, ont rapidement eu raison des abris de fortune des exilés qui vivent dans les bois ou sur des terrains boueux de la ville de Grande-Synthe.
« Toute la nuit, nous avons eu des appels », raconte Anna Richel, coordinatrice de l’association Utopia 56 dans la ville située à une quarantaine de km de Calais. « Ce fut très compliqué… Il y a eu énormément de vents, de pluie. Des trombes d’eau… Imaginez ce qu’ont dû vivre les migrants. Beaucoup d’abris ont été détruits, les tentes se sont envolées ou n’ont pas supporté le poids de l’eau ».
Au bout du fil, les migrants ont confié « être effrayés ». « Ils appelaient en disant qu’ils étaient trempés, que les enfants étaient trempés. Ils réclamaient de l’aide ».
La veille, Utopia 56 avait tenté de prévenir les migrants de la violence de la tempête. Entre 800 et 1 000 personnes, dont de nombreuses familles avec enfants, vivent aujourd’hui à Grande-Synthe, principalement sur un terrain appelé « terrain des Jésuites ». Leurs conditions de vie sont très précaires : lors des démantèlements, les tentes et affaires des migrants sont régulièrement saisis.
Pour faire face, Utopia 56 a ainsi distribué un surplus de bâches, mercredi soir, « mais ce fut dérisoire vu la violence d’Aurore ».
Selon l’association, aucun blessé n’est à déplorer parmi les migrants.
Pas de dispositif spécial pour la tempête Aurore
Utopia 56 explique avoir interpellé la mairie de Grande-Synthe et la préfecture du Nord pour activer un plan spécial en vue de la tempête. « Mais personne ne nous a répondu », rapporte Anna Richel. « Nous voulions qu’ils débloquent des abris d’urgence de type ‘plan grand froid' ».
À Calais, même constat. Entre 1 500 et 2 000 personnes seraient présentes dans la ville, selon les ONG. « Et rien n’a été fait spécifiquement pour hier soir », explique Pauline Joyau également membre d’Utopia 56. Des bus chargés d’emmener les migrants vers les abris des centres d’accueil (CAES) sont dépêchés quotidiennement « mais ces dernières 48h, ils n’acceptaient pas les hommes seuls, faute de places. Donc beaucoup d’hommes ont dormi dehors cette nuit ».
« Notre équipe a trouvé un mineur de 15 ans en pleine nuit », continue Pauline. « Apparemment, il avait été libéré du CRA [centre de rétention de Coquelles, ndlr] alors que la tempête était déjà là. Il était trempé. »
La tempête Aurore a provoqué d’énormes dégâts dans toute la moitié nord du pays. Quelque 250 000 foyers sont actuellement privés d’électricité.