De Lesbos à Athènes, les migrants entre canicule et incendies
9 août 2021De 2 000 à 3 000 personnes ont été évacuées vendredi des deux camps de Malakasa, dans le nord d’Athènes, en prévention de feux s’approchant dangereusement de la zone. De Lesbos à Athènes, les exilés doivent supporter la canicule actuelle et les risques d’incendie dans des conditions de vie déjà précaires.
Dans la nuit du jeudi 5 au vendredi 6 août, les deux camps pour demandeurs d’asile de Malakasa, non loin d’Athènes, ont été évacués en urgence. Les feux de forêt qui ravagent la Grèce ces dernières semaines s’en approchaient trop dangereusement. « L’ensemble des 2 000 à 3 000 résidents des deux camps a été transféré en toute sécurité vers le camp de Ritsona », dans le nord de Malakasa, indique Christine Nikolaidou, de l’Organisation internationale des migrations (OIM), à InfoMigrants.
L’arrivée dans le camp de Ritsona a nécessité une organisation très réactive. « On se coordonne avec les autorités pour fournir de l’eau ; quant à la nourriture supplémentaire, ce n’est plus qu’une question de temps pour qu’elle soit distribuée », rassure Christine Nikolaidou. S’agissant de l’hébergement, des volontaires ont apporté des sacs de couchage, tandis que les migrants installés à Ritsona « ont volontairement fait de la place à l’intérieur de leurs abris pour les arrivants, dès que c’était possible ».
Quelles seront les perspectives pour les personnes évacuées ? Pour l’heure, « on ne sait pas si elles pourront revenir à Malakasa, ni où elles iront : tout dépend du développement du feu… » répond la responsable de l’OIM. « En espérant que cette situation cauchemardesque se finisse au plus vite »
Dans un communiqué daté du vendredi 6 août, le ministère de l’Immigration et de l’Asile grec indique avoir activé le plan « AGNODIKI ». L’évacuation de Malakasa est le premier cas de mise en oeuvre de ce plan, qui consiste à placer les structures d’accueil et d’hébergement du pays « dans un état de préparation maximale ».
« Il y a des cendres qui volent partout »
Dans un premier temps, les incendies concernaient surtout la région nord du pays, très boisée. Ainsi, mardi 3 août, 16 mineurs non-accompagnés du centre de rétention d’Amygdaleza, situé à proximité d’un des principaux foyers d’incendie, avaient été évacués vers un camp de l’Attique, selon l’agence de presse grecque ANA.
Mais désormais, les feux gagnent la périphérie d’Athènes, et le sud du pays est déjà placé en alerte. Dans le centre-ville de la capitale, l’environnement est de moins en moins respirable. « L’air est pollué, il y a des cendres qui volent partout… » s’inquiète Martin, joint par InfoMigrants. Cet exilé Camerounais vit depuis trois mois à Athènes dans une maison avec d’autres personnes, depuis qu’il a quitté un camp de l’île de Lesbos. « Je me demande si cela n’aura pas d’impact sur notre santé, et j’aurais souhaité être en contact avec des associations pour tout ça… Mais cela fait trop peu de temps que je suis arrivé, je ne sais pas par où commencer » témoigne-t-il.
Chaleur dans les tentes, eau potable insuffisante
La Grèce vit sa pire canicule depuis 30 ans. Dans les camps de l’île grecque de Lesbos, s’il n’y a pas de feux de forêt, les vagues de chaleur sont, elles, insupportables. Hugo, joint par InfoMigrants, vit dans le camp ouvert à la suite de l’incendie de Moria en septembre 2020. « Je suis dans une grande tente, abritant plusieurs personnes. Je n’ai pas la chance d’être dans un container climatisé » – un abri réservé aux personnes malades ou extrêmement vulnérables -, expose-t-il.
À l’intérieur, la chaleur est difficilement tenable. Des ventilateurs ont été distribués dans chaque chambre il y a un mois environ, mais ils diffusent de l’air chaud, et ne fonctionnent que par intermittences. « Sans ça je ne sais pas comment nous aurions fait », commente Hugo, « mais cela reste difficilement vivable ».
Plus dramatique encore : l’eau potable est selon lui distribuée en quantité insuffisante. « Nous avons droit à deux bouteilles d’eau par jour. Mais avec cette chaleur, en à peine trois heures, dès midi, elles sont finies » raconte-t-il. Alors, c’est la débrouille : certains vont chercher des points d’eau là où ils peuvent, d’autres en achètent à 50 centimes dans les boutiques avoisinantes. « Moi, je vais en demander à l’hôpital » précise Hugo, comme d’autres exilés du camp. « Nous parlons tout le temps de ce problème, mais pour le moment rien n’est fait ».