Le voyage migratoire de Pedro Sanchez
22 décembre 2020VU D’AILLEURS – L’idée que l’Espagne pourrait être le moteur d’une nouvelle politique migratoire au sud de l’Europe s’est rapidement heurtée à la dure réalité. En seulement deux ans, la « realpolitik » et les directives de Bruxelles ont mené à des politiques basées sur le contrôle, qui ne prévoient aucune répartition solidaire des migrants et ne répondent pas aux besoins d’un continent vieillissant.
L’abîme qui sépare le destin d’Abdoul, un jeune Sierra-léonais de 16 ans, de celui de Yassin Esadik, Marocain de 23 ans, s’est joué à seulement deux ans. Le premier a débarqué de l’Aquarius à Valence en juin 2018. Tapis rouge au port, 600 journalistes, déploiement humanitaire et une administration coordonnée et sur le pont pour accélérer les démarches et l’accueil. Le second est arrivé sur l’île de la Grande Canarie en octobre dernier. Surpopulation au port d’Arguineguin pendant 20 jours, sandwichs au petit-déjeuner, au déjeuner et au dîner, manque d’eau et d’hygiène, presse bloquée derrière les barrières et un système débordé qui le retiendra indéfiniment sur l’île jusqu’à ce qu’il soit expulsé ou parvienne à partir. Ce qui sépare ces deux histoires, ce n’est pas uniquement le temps, mais également un véritable virage idéologique. C’est ce que l’on appelle la realpolitik.