« La question de Schengen se posera » s’il n’y a pas d’accord sur les migrants, selon Mme Merkel
1 septembre 2015« La question de Schengen se posera » s’il n’y a pas d’accord sur les migrants, selon Mme Merkel
En pointe sur le dossier de la crise migratoire en Europe, la chancelière allemande Angela Merkel a souligné lundi 31 août que l’Union européenne (UE) devait « avancer » par la négociation dans sa résolution de la crise, sans quoi elle risquait de « casser » son lien fondamental avec les droits de l’homme.
« Les droits civils universels ont été jusqu’à présent étroitement liés à l’Europe et à son histoire, en tant que principe fondateur de l’Union européenne », a-t-elle estimé lors d’une conférence de presse d’une heure et demie à Berlin.
« Si l’Europe échoue dans la crise des réfugiés, ce lien avec les droits civils universels sera rompu, il sera détruit et ce ne sera pas l’Europe que nous nous représentons, ce ne sera plus l’Europe dont nous devons toujours aujourd’hui développer le mythe fondateur. »
Mme Merkel a une nouvelle fois appelé à la mise en place de quotas d’accueil par pays européen pour les migrants qui arrivent en Europe, sur le modèle de la répartition fixée chaque année entre Etats-régions allemands. Une idée rejetée par de nombreux pays européens, notamment la France. « Si l’on n’arrive pas à une répartition équitable [des réfugiés en Europe] alors la question de [l’avenir de la zone de libre circulation] Schengen se posera. Nous ne voulons pas ça », a-t-elle dit.
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Pour une « direction commune »
La chancelière a en revanche écarté l’idée, avancée lundi matin par la ministre autrichienne de l’intérieur, Johanna Mikl-Leitner, sur la chaîne allemande ZDF, de réduire les aides financières européennes à l’encontre des pays qui rechignent à accueillir plus de réfugiés. « Je ne veux pas sortir maintenant tous les instruments de torture. Nous voulons trouver une solution en bons camarades », a-t-elle répondu, appelant les Etats de l’UE à adopter « une direction aussi commune que possible ».
Mais « si l’on commence à dire “je ne veux pas de musulmans” (…), ça ne peut pas être bon », a-t-elle dit, relevant que l’Europe s’est construite sur le principe de la « dignité de chaque être humain » et rappelant, notamment aux Allemands, que « l’islam fait bien sûr partie de l’Allemagne ».
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La dirigeante allemande a par ailleurs jugé que l’Allemagne, qui s’attend à recevoir 800 000 demandes d’asile cette année, soit quatre fois plus qu’en 2014, était assez « forte » pour surmonter le défi que représente ce flux sans précédent de nouveaux arrivants. A l’heure ou Mme Merkel s’exprimait, des centaines de migrants tentaient de rejoindre l’Allemagne et l’Autriche par le train depuis la Hongrie. Après les avoir retenus, les autorités hongroises ont laissé partir des migrants qui avaient passé des jours dans des gares de Budapest transformées en camps de réfugiés improvisés.
« Le monde voit en l’Allemagne comme une terre d’espoir et d’opportunités, et cela n’a pas toujours été le cas », a souligné la chancelière, assurant que l’économie du pays était « solide » et son marché du travail « robuste et même prêt à absorber » de la main-d’œuvre. A l’occasion d’une visite à Calais, lundi, en compagnie du premier ministre, Manuel Valls, le premier vice-président de la Commission européenne, Frans Timmermans, avait aussi reconnu que si « les chiffres d’arrivées sont importants », ils sont « tout à fait gérables pour un ensemble de 500 millions d’habitants ».
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« Devoir humanitaire »
Mme Merkel a annoncé la présentation d’ici au 24 septembre d’un train de mesures complètes pour adapter la législation allemande à la situation, pour accélérer notamment le traitement des demandes d’asile, l’aide et le logement aux réfugiés. « L’exactitude allemande c’est super, mais là nous avons besoin de la flexibilité allemande », a-t-elle déclaré, promettant, sans donner de chiffres, que l’Etat fédéral ferait « plus » pour soutenir communes et régions. « On y arrivera », a martelé la chef du gouvernement.
Enfin, Mme Merkel a une nouvelle fois promis que l’extrême droite ne bénéficierait d’aucune « tolérance », alors que les actes racistes se sont multipliés ces dernières semaines, tout en exprimant sa « fierté et sa gratitude » pour les « innombrables » personnes aidant les migrants en Allemagne.
Interrogée sur le souhait de ses partenaires sociaux-démocrates d’adopter une grande loi sur l’immigration, elle a estimé que ce n’était « pas le plus urgent pour l’instant ». « Nous devons d’abord nous préoccuper de remplir notre devoir humanitaire », a-t-elle insisté.