Migrants : Les ambulants organisent la résistance !
10 juillet 2015Migrants : Les ambulants organisent la résistance !
La sortie du maire de Dakar-Plateau, après son audition à la police, annonçant que plus que jamais il est engagé à poursuivre les opérations de déguerpissement à la gare routière de Petersen, n’a pas laissé les concernés – à savoir les marchands ambulants – sans réaction. Ils entendent, en effet, organiser la résistance et faire face à Alioune Ndoye.
Convoqué à la police centrale, avant-hier, dans le cadre de l’enquête sur l’incendie qui a
ravagé une partie du marché de la gare de Petersen, lors de l’opération de désencombrement de la voie publique initiée par sa mairie, Alioune Ndoye est sorti de cette audition requinqué. Il a, en effet, annoncé qu’il est plus que jamais déterminé à poursuivre les opérations de déguerpissement pour libérer les rues du Plateau.
Ce faisant, le maire de Dakar-Plateau confirme son opposition aux vendeurs ambulants qui encombrent les rues de cette partie de sa commune. Sauf que ces ambulants n’entendent pas non plus céder, bien qu’ils ont la loi contre eux. Parce qu’occupant des espaces publics non autorisés. N’empêche, ils sont décidés à rester.
«Personne ne pourra nous faire quitter ces lieux. Moi, je ne reste pas sur place pour encombrer les lieux inutilement, je tourne en rond. Vraiment, je ne comprends rien du tout à cette histoire, ou bien alors c’est moi qui ne comprends pas très bien le français. Marchand ambulant comme son nom l’indique, c’est un commerçant qui ne reste jamais sur place. Il est toujours mobile à la recherche de clients. Comme quelqu’un qui bouge en permanence avec ses marchandises peut encombrer la voie publique? Je veux qu’on me l’explique», souligne Ahma Sarr, un jeune ambulant qui s’adonne à la vente d’habit pour enfants au rond point Petersen.
Son compère Babou Guèye, croisé au même endroit, les bras remplis de sacs ne dit pas autre chose. «Qu’on arrête de faire la confusion. Moi, je suis vendeur ambulant et je le clame haut et fort. Les ambulants peuvent avoir des lieux de prédilections différents. Mais pour ce qui est de ma situation, j’ai opté pour cette gare et je me laisserais pas faire aussi facilement. De toute façon, ils n’ont qu’à nous laisser tranquilles et qu’ils aillent déguerpir ceux qui encombrent la chaussée et perturbent la circulation. Ce qui n’est pas notre cas», déclare le jeune homme.
Almamy Gningue n’est en revanche pas sur la même longueur d’onde que ses deux collègues. Face à la radicalisation du maire Alioune Ndoye, il dit ne pas être contre un départ des lieux et assure même avoir déjà reçu une sommation en ce sens. «Je compte quitter les lieux bientôt, je suis en train de faire certains réglages. Du coup, j’en profite aussi pour exhorter tous les vendeurs ambulants de faire comme moi avant qu’il ne soit trop tard. On n’est pas en face d’un adversaire de taille qui n’est rien d’autre qu’un élu du peuple. De ce fait, notre combat ne sera pas facile du tout et sera toujours gagné d’avance par le maire qui a la légitimité et la population du Plateau de son côté. Alors, autant chercher un compromis et un lieu de recasement où on pourra mener nos activités tranquillement», conseille-t-il.
Alioune Sèye est lui déterminé à en découdre avec la mairie. Vendeur d’effets vestimentaires, il souligne qu’ils ne veulent que la paix. Mais il prévient que si la mairie du Plateau les cherche, il va les trouve. «J’ai entendu dire qu’on peut rester ici jusqu’après la fête de Tabaski. On verra ce qui va se passer entre temps. Mais le fait est qui si l’Etat ne nous trouve pas des sites de recasement, nous n’abdiquerons pas, nous ne quitterons pas ici. Nous ne bougerais pas d’un iota».
C’est dire qu’entre le maire du Plateau Alioune Ndoye, déterminé à rendre les rues du contre ville respirables, et ces marchands ambulants qui squattent les coins et recoins de la gare de Petersen et de ses environs, le combat est très loin d’être terminé.
Abdoulaye NIANG (Stagiaire)