Migrants : « Chacun des 28 pays européens doit prendre sa part »
9 juillet 2015Migrants : « Chacun des 28 pays européens doit prendre sa part »
Vincent Cochetel est le directeur Europe du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR).
Les 25 et 26 juin, les chefs d’Etat et de gouvernement n’ont pas abouti à un accord sur la relocalisation de 40 000 réfugiés arrivés en Europe. Le sujet est à nouveau entre les mains des ministres de l’intérieur jeudi 9 juillet au Luxembourg. Qu’attendez-vous de cette réunion ?
J’attends d’abord qu’on revienne à la raison. Que se réinstaure une plus grande confiance entre les Etats dans leur capacité à respecter leurs obligations. L’Europe doit aujourd’hui faire face à une arrivée importante de demandeurs d’asile, certes, mais en aucun cas massive. Aujourd’hui, 86 % des personnes déplacées sur la planète vivent dans des pays en développement. Et en 2014, ce sont 42 500 personnes qui ont été déplacées quotidiennement par les guerres et violations des droits de l’homme. Réinstaller 20 000 réfugiés et relocaliser à partir de la Grèce et de l’Italie 40 000 personnes en deux ans sur un continent de 500 millions d’habitants me semble de l’ordre du possible.
D’accord mais les flux se sont encore intensifiés depuis 2014…
Quelque 219 000 personnes sont arrivées en bateau l’an dernier sur les côtes européennes. La moitié n’avaient pas vocation à obtenir l’asile. En 2015, nous comptabilisons 130 000 arrivées sur les six premiers mois : 78 000 sur les côtes grecques et le reste sur les côtes italiennes. Sur les flux arrivant en Grèce, 85 % nous semblent pouvoir prétendre au statut de réfugié compte tenu de leur origine. Ceux qui entrent aujourd’hui par l’Italie semblent être majoritairement des migrants économiques.
La mauvaise nouvelle dans ce que vous nous dites là, c’est que la Grèce est devenue la première terre d’entrée en Europe. Etant donné sa situation aujourd’hui dans l’Europe, êtes-vous inquiet ?
C’est effectivement une très mauvaise nouvelle, puisque le système de réception des demandeurs d’asile dans ce pays est quasi inexistant. La plupart des îles ont arrêté la prise d’empreintes digitales, l’enregistrement des demandes, et elles n’offrent pas d’hébergement. D’ailleurs, la capacité totale de premier accueil dans tout le pays est de l’ordre de 1 100 places ; ce qui n’a rien à voir avec les besoins. Pour comprendre, il suffit de mettre en lien cette donnée avec les 1 600 arrivées sur la seule île de Lesbos le week-end dernier !\
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