Le gouvernement britannique a annoncé mardi que les services d’immigration allaient avoir recours aux tests osseux pour déterminer l’âge des migrants qui se disent mineurs. Cette pratique est contestée par de nombreux médecins et associations qui dénoncent son manque de fiabilité.
Le Royaume-Uni va utiliser les tests osseux pour déterminer l’âge des jeunes migrants qui se disent mineurs, a annoncé, mardi 12 septembre, le gouvernement conservateur du Premier ministre Rishi Sunak.
Ce projet « autorisera l’utilisation des radiographies pour déterminer scientifiquement l’âge » d’une personne lorsque la question se pose. Les radios des dents, des os des mains et des poignets et des IRM des genoux et des clavicules pourront être pratiqués. Le gouvernement veut éviter que des migrants se fassent passer pour mineurs pour obtenir des aides spécifiques.
La mesure fait partie d’un ensemble de nouvelles dispositions qui seront présentées au Parlement cette semaine, a indiqué le ministre de l’Immigration Robert Jenrick dans un communiqué, défendant « une nouvelle étape cruciale » dans la lutte du pays contre l’immigration illégale.
« Marge d’erreur significative »
Ces tests sont utilisés dans plusieurs pays d’Europe mais ils sont très contestés à la fois par des médecins et par les associations d’aide aux migrants, qui mettent en doute leur fiabilité. Réalisés à la demande d’un magistrat, ils sont le plus souvent exécutés grâce à une radiographie de la main et du poignet gauche des jeunes migrants. La communauté scientifique elle-même ne s’entend pas autour de la fiabilité de ces examens. La maturité osseuse peut varier selon le sexe et l’état nutritionnel de l’enfant.
En France, leur pratique a été validée en 2019 par le Conseil constitutionnel. Les « Sages » ont reconnu que ces examens « peuvent comporter une marge d’erreur significative ». Mais ils ont aussi jugé que la loi prévoyait suffisamment de garanties.
Jusqu’ici, le Royaume-Uni faisait plutôt figure d’exception au niveau européen car les services de l’immigration préféraient aux tests osseux des entretiens détaillés avec le migrant pour déterminer son âge.
Mais, entre 2016 et juin 2023, il y a eu 11 275 cas de litiges sur l’âge des demandeurs d’asiles et dans près de la moitié des cas (5 551), les personnes concernées ont finalement été considérées comme des adultes, avance le ministère britannique de l’Immigration pour justifier ce changement de méthode.
Législation de plus en plus dure envers les migrants
Ces derniers mois, le gouvernement a nettement renforcé sa législation pour tenter d’enrayer l’arrivée de migrants illégaux sur son sol, en particulier en traversant la Manche depuis la France à bord d’embarcations de fortune.
L’an dernier plus de 45 000 personnes sont arrivées par cette route maritime, et plus de 23 000 depuis le début de cette année. La plupart demandent l’asile au Royaume-Uni. Et cela a entraîné un engorgement du système d’accueil et de traitement de ces demandes, avec plus de 175 000 personnes qui attendaient fin juin une décision.
Traversées de la Manche : plus de 100 000 arrivées de migrants au Royaume-Uni depuis 2018
La loi interdit désormais aux migrants arrivés illégalement de demander l’asile, et prévoit d’expulser les migrants vers leurs pays ou des pays tiers comme le Rwanda, un projet bloqué en l’état par la justice.
Le gouvernement a promis de développer des voies « sûres et légales » d’entrée au Royaume-Uni pour demander l’asile, à l’image des dispositifs prévus pour les réfugiés Ukrainiens fuyant la guerre ou les personnes menacées par les talibans en Afghanistan. Le gouvernement a précisé mardi qu’il dévoilerait en janvier prochain des propositions en ce sens.