Des nouvelles unités de forces mobiles, policiers ou gendarmes, seront prochainement déployées dans les Alpes, à la frontière avec l’Italie pour empêcher les traversées irrégulières de migrants, a annoncé le ministère de l’Intérieur. Cette augmentation des passages vers la France s’explique par une hausse des arrivées sur les côtes sud de l’Italie après la traversée de la Méditerranée. Beaucoup d’exilés cherchent ensuite à poursuivre leur route vers la France, l’Allemagne ou encore l’Angleterre.
La France a annoncé mardi 12 septembre l’envoi de renforts pour lutter contre l’immigration clandestine à la frontière avec l’Italie, où la pression ne cesse d’augmenter. « Nous avons une augmentation de 100 % des flux, qui touche les Alpes-Maritimes et l’ensemble des Alpes », a affirmé le ministre de l’Intérieur français Gérald Darmanin, après une visite au poste frontalier de Menton (sud-est de la France).
Les unités de forces mobiles, policiers ou gendarmes, passeront de deux à quatre, pour atteindre un total de plus de 200 agents. Les militaires affectés à la reconnaissance nocturne en montagne dans le cadre de l’opération Sentinelle passeront, eux, de 60 à 120 et les effectifs douaniers seront aussi doublés, a assuré le ministre.
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Cette augmentation des passages s’explique par le nombre de migrants arrivés sur les côtes italiennes cette année. Depuis janvier, plus de 115 000 personnes ont débarqué en Italie, contre près de 50 000 à la même période de 2022, selon les chiffres de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Beaucoup de ces exilés cherchent ensuite à poursuivre leur périple vers la France, l’Allemagne ou le Royaume-Uni en traversant les Alpes. Ces passages frontaliers sont un sujet ultra-sensible, depuis des années, dans les relations franco-italiennes.
Des drones déjà déployés en mai
En mai, des drones avaient déjà été déployés pour surveiller les passages dans cette zone. Un mois plus tôt, la Première ministre Élisabeth Borne avait annoncé le renfort de 150 policiers et gendarmes.
Un projet de loi sur l’immigration, qui doit être débattu au Sénat à l’automne, prévoit d’élargir la bande de territoire au sein de laquelle les migrants peuvent être refoulés, actuellement fixée à 20 km. « Beaucoup de moyens technologiques, une meilleure organisation et au printemps, je l’espère, une législation qui nous aidera à lutter davantage », a ainsi énuméré Gérald Darmanin, tout en reconnaissant que de nombreux facteurs comme l’instabilité dans le Sahel allaient encore renforcer la pression migratoire.
Selon les autorités, le nombre de mineurs non accompagnés (MNA) qui arrivent de l’Italie voisine explose. Entre le 1er janvier et le 16 août 2023, plus de 3 600 jeunes ont fait l’objet d’un placement dans un foyer du département des Alpes-Maritimes, d’après les chiffres de la préfecture, contre 1 793 à la même période de 2022. La majorité sont originaires de Guinée, de Côte d’Ivoire, de Tunisie ou du Soudan.
Cri d’alarme des ONG
Les ONG présentes des deux côtés de la frontière s’alarment de cette militarisation de la frontière qui pousse les exilés à emprunter des voies toujours plus dangereuses pour éviter les contrôles de police. Mardi 29 août, 15 jeunes migrants ont été découverts dans un camion à Carros, petite ville du sud de la France, située au nord de Nice. Une telle découverte est « un phénomène nouveau » dans la région, estime Michel Séonnet, membre de l’association « Tous Citoyens » dans les Alpes-Maritimes.
À la frontière franco-italienne, des migrants mineurs subissent des « traitements inadmissibles »
« Habituellement, les personnes qui passent viennent à pied ou par le train », explique-t-il à BFM Côte d’Azur. « Là, on trouve 15 personnes qui se sont mises en danger pour passer la frontière. C’est une conséquence du contrôle de plus en plus dur mis en place » dans la zone.
Côté italien, l’antenne de Médecins sans frontières (MSF) basée à Vintimille alerte aussi sur les pratiques de refoulement dans cette zone frontalière. D’après des témoignages recueillis par l’ONG, des refoulements à caractère « systématique » touchent des mineurs non accompagnés, voire séparent des familles.