Un an après sa mise en place, la surveillance aérienne de Frontex a été renouvelée pour l’année 2023 dans le détroit maritime. Une zone où « la pression migratoire » est en « grande augmentation », a justifié la directrice de l’agence Aija Kalnaja.
L’agence européenne de surveillance des frontières maintient sa présence sur le littoral nord. « Nous appuyons les autorités de gestion des frontières françaises au moyen d’une surveillance aérienne » des côtes de la Manche, a décrit devant le Sénat français Aija Kalnaja, directrice exécutive de Frontex, le 10 novembre. « Nous continuerons à le faire pendant l’année qui arrive », a-t-elle complété.
La décision vient prolonger une opération mise en place il y a près d’un an, à la suite d’un naufrage dans le détroit qui avait coûté la vie à au moins 27 migrants.
Il s’agit d’une « zone où on a la plus grande augmentation de la pression migratoire », a justifié Aija Kalnaja. Cette année, les traversées de la Manche ont atteint des chiffres record, malgré la débauche de moyens sécuritaires mis en place dans la zone pour endiguer les tentatives : plus de 38 000 migrants déjà ont atteint le Royaume-Uni depuis janvier 2022, à bord de petits bateaux. Sur l’ensemble de l’année 2021, un peu plus de 28 000 personnes avaient rejoint les côtes britanniques par la Manche, une situation déjà inédite.
Royaume-Uni : les autorités « dépassées » et « inefficaces » face aux arrivées de migrants
Frontex, dont le mandat a été renforcé en 2019, est l’agence de l’UE dotée du plus gros budget. Il n’a cessé d’augmenter ces dernières années, s’élevant en 2020 à environ 360 millions d’euros et à plus de 750 millions d’euros en 2022.
Pourtant, l’agence est régulièrement pointée du doigt. L’année dernière, elle a été mise en cause dans plusieurs enquêtes journalistiques et dans un rapport de l’Office européen de la lutte contre la fraude (Olaf), pour son rôle dans des renvois illégaux de migrants par les garde-côtes grecs. Elle était alors sous la direction de Fabrice Leggeri. Ces affaires avaient poussé à sa démission, en avril dernier. En signe de désaveu, le Parlement européen a refusé le mois dernier de valider les comptes de Frontex pour l’année 2020.
Rendre la Manche « impraticable »
En plus donc de la surveillance aérienne de Frontex, des patrouilles policières sont déployées toute l’année sur les plages de la Manche. Rishi Sunak, le nouveau Premier ministre britannique, souhaiterait que celles-ci soit renforcées par des effectifs britanniques, sur le sol français. Selon The Times, cette mesure serait incluse dans un nouvel accord avec la France qui comprendrait aussi des objectifs chiffrés d’interceptions de petits bateaux en mer.
« Le Premier ministre a souligné l’importance pour les deux pays [le Royaume-Uni et la France] de rendre la route de la Manche totalement impraticable pour les trafiquants d’êtres humains », a souligné Downing Street dans un communiqué le 28 octobre, après une discussion entre Rishi Sunak et Emmanuel Macron. Les deux dirigeants se sont rencontrés pour la première fois lundi 7 novembre en Égypte, en marge de la COP27 sur le climat. À l’issue de cet échange, Rishi Sunak a déclaré qu’il ressortait de cette réunion avec « un regain de confiance et d’optimisme ». Selon un porte-parole de Downing Street, la négociation sur un nouvel accord migratoire serait « dans sa phase finale », écrit Les Échos.
Rishi Sunak veut rendre « impraticable » les traversées de la Manche
Une semaine plus tôt, le 1er novembre, le secrétaire d’État à l’immigration, Robert Jenrick a, lui, souhaité des « options plus radicales » sur l’immigration. Objectif : « faire en sorte que nos lois soient adaptées, que les migrants économiques soient expulsés rapidement et que nous dissuadions les gens de venir au Royaume-Uni », a-t-il indiqué à la BBC. D’après lui, le pays « ne peut pas continuer à être un aimant pour les migrants économiques (…) nous n’avons pas les infrastructures pour gérer cela ».
Une rhétorique utilisée aussi par le gouvernement pour justifier son projet controversé d’externalisation des demandes d’asile au Rwanda. Sa légalité, et sa possible mise en application, est actuellement débattue par la justice britannique.