Les demandeurs d’asile sont de plus en plus nombreux en Suisse, avec plus de 800 dossiers déposés par semaine. Dans les centres d’hébergement, des salles de classe, de sport et des cantines sont transformés en dortoirs. Devant l’urgence, la Suisse cherche de nouveaux lieux d’accueil.
Face à l’arrivée de nombreux migrants depuis le mois d’août, la Suisse est confrontée à un manque d’hébergement pour accueillir les nouveaux demandeurs d’asile. Plus de 800 requérants déposent leur dossier chaque semaine, d’après la radio télévision suisse (RTS). Au total, ils ont été plus de 3 000 pour le seul mois d’octobre.
Le pays helvétique connaît un afflux record de demandeurs d’asile, « à un niveau jamais atteint depuis la Seconde Guerre mondiale », a affirmé, jeudi 27 octobre, Christine Schraner Burgener, secrétaire d’État aux migrations.
La Suisse s’engage à accepter 1 600 réfugiés sur deux ans
La plupart des demandeurs d’asile sont des Kurdes en provenance de Turquie, des Afghans et des Nord-africains. En Suisse, la procédure de demande d’asile peut durer un an environ, sauf en cas de procédure accélérée (100 jours). Durant l’examen de leur dossier, les demandeurs d’asile restent dans des centres fédéraux pour requérants d’asile (CFA).
Des salles polyvalentes, des casernes militaires réquisitionnés
Or les six CFA de Suisse sont à la limite de la saturation, rapporte la RTS. Dans l’urgence, la Suisse transfère donc un certain nombre de requérants vers des centres cantonaux et cherche dans le même temps à ouvrir de nouveaux lieux d’hébergements. « Ces dernières semaines, des salles polyvalentes ont notamment été ouvertes pour accueillir des réfugiés », précise la RTS.
L’armée pourrait être sollicitée « pour avoir des logements supplémentaires, par exemple des casernes militaires, qui peuvent être utilisées sporadiquement », a aussi indiqué Christine Schraner Burgener, la secrétaire d’État. Un dépôt militaire a déjà été transformé en lieu d’hébergement au Glaubenberg, dans le canton d’Obwald situé dans les Alpes.
Dégradation des conditions de vie des demandeurs d’asile
Les centres fédéraux, quant à eux, ont dû faire un maximum de place. Ainsi, à Zurich, le CFA a transformé ses salles de classe et de fitness en dortoirs, et ajouté des lits dans les dortoirs habituels. Ces aménagements ont permis de passer de 360 à 500 places.
Mais cette surpopulation a un impact sur les conditions de vie des demandeurs d’asile en Suisse. À Neuchâtel, le centre fédéral d’asile de Boudry accueille actuellement 900 personnes, au lieu des 480 lits habituels.
Le centre a déjà étendu sa capacité d’accueil grâce à la location d’un bâtiment attenant au complexe. Mais avec une nouvelle vague d’arrivées, le réfectoire est désormais réquisitionné la nuit après le dîner. « Certains migrants ont déjà dû dormir à même le sol, faute de matelas, et il n’y a plus assez de vêtements à distribuer », ont rapporté plusieurs sources à la RTS.
Le Secrétariat d’État aux migrations (SEM) affirme être pris de court et parle d’exception à la règle pour une « courte période, le temps que les équipes s’organisent ».
Traiter les demandes d’asile plus rapidement
Dans le même temps, le SEM a annoncé une augmentation de ses effectifs pour traiter plus rapidement les demandes d’asile.
En parallèle, la Suisse renforce sa coopération avec l’Autriche voisine, qui voit elle aussi augmenter le nombre de migrants depuis la route des Balkans. Des patrouilles communes seront notamment déployées dans le trafic ferroviaire transfrontalier et les procédures de retour sont effectives, avait indiqué fin septembre l’agence de presse suisse ATS.
La Suisse s’attend à ce que les arrivées de migrants diminuent avec l’hiver en raison du froid sur la route des Balkans.