Six membres d’un réseau de passeurs ont été interpellés, la semaine dernière, près de Douai, dans le Nord, après deux mois d’enquête. La filière acheminait du matériel nautique depuis la Turquie, pour faire passer des migrants au Royaume-Uni par la Manche. Un business lucratif, de plus de 1,6 millions d’euros.
L’affaire leur a rapporté plus de 1,6 millions d’euros. Mardi 18 et jeudi 20 octobre, six membres d’un réseau irako-kurde de passeurs de migrants ont été interpellés dans le nord de la France, a appris l’AFP, vendredi, de source policière. Parmi eux figurent trois Irakiens, un Soudanais, un Afghan et un Français, tous résidents dans la région. Ils ont été présentés au parquet de Douai, vendredi.
L’enquête, ouverte fin juillet, est partie d’un « renseignement britannique » permettant d’identifier « l’acheminement de matériel nautique depuis la Turquie » vers un lieu de stockage à Douai, a expliqué Jean Arvieu, adjoint au chef de l’Ocriest, l’office central spécialisé dans la lutte contre l’immigration irrégulière.
De longues surveillances techniques et physiques ont « mis en exergue l’existence d’une structure » proposant « des bateaux, des moteurs, des gilets de sauvetage, des pompes et des nourrices (réservoirs de carburant, ndlr) » au gré des besoins des groupes criminels organisant les traversées de la Manche, le plus souvent au départ de Oye-Plage, a précisé le commissaire.
Le réseau était organisé avec un chef, un associé et quatre livreurs de bateaux ou de migrants.
Au total, 32 tentatives de traversées – toutes avortées grâce à l’enquête – à raison de 35 personnes par bateau et de 1 500 euros par migrant ont été recensées. Quatre bateaux, quatre moteurs, 133 gilets de sauvetage et un kit de réparation ont été saisis en perquisition.
« Une vraie usine » de matériel nautique
Les arrestations liées aux traversées de la Manche sont régulières dans le nord. En septembre, une importante filière irako-kurde de passeurs avait été démantelée, là aussi par l’Ocriest. Au cours d’une opération de grande ampleur, sept personnes avaient été interpellées, quatre hommes et trois femmes. Six ont été déférées devant la justice, une femme ayant été remise en liberté. Trois hommes sont irako-kurdes, les autres sont français.
Les enquêteurs avaient découvert par ailleurs « une vraie usine à fourniture de matériels nautiques », d’après Xavier Delrieu, le chef de l’Ocriest. Il y avait « 13 bateaux pouvant transporter 50 migrants chacun, 14 moteurs de bateaux, 700 gilets de sauvetage, une centaine de gonfleurs, 700 litres de carburant ».
D’après les enquêteurs, les passeurs avaient réalisé depuis l’été 80 traversées, dont 50 réussies. Les trafiquants empochaient « 80 000 euros par traversée ».
Royaume-Uni : arrestation d’une Albanaise suspectée d’être une passeuse
Malgré les multiples démantèlements de ce genre, et toujours plus de moyens policiers déployés sur la côte, les traversées de la Manche ne faiblissent pas. Cette année, le cap des 30 000 arrivées au Royaume-Uni a même été franchi. Sur l’ensemble de l’année 2021, un peu plus de 28 000 personnes avaient rejoint les côtes britanniques par la Manche. Et ce, alors que le gouvernement conservateur du Royaume-Uni a fait de la lutte contre les traversées en « small boat » l’une de ses priorités.