Les autorités marocaines ont arrêté, dimanche, 25 migrants soudanais et tchadiens, dont une partie dans la forêt de Gourougou, à proximité de la zone frontalière de l’enclave espagnole de Melilla. Le lieu avait été le théâtre de violents affrontements avec la police en juin. La plupart des arrestations ont désormais lieu sur la route de Oujda à Nador.
Un groupe de 25 Soudanais et Tchadiens en situation irrégulière au Maroc a été interpellé, dimanche 16 octobre, par les autorités marocaine à proximité de l’enclave espagnole de Melilla.
Quinze de ces migrants, dont deux mineurs, ont été arrêtés dans la forêt de Gourougou, un mont situé dans les environs de Nador, ville marocaine frontalière de Melilla, a appris InfoMigrants par l’Association marocaine des droits de l’Homme (AMDH) à Nador. Dix autres ont été interpelés dans la commune de Zaïo, alors qu’ils se rendaient à pieds depuis Oujda vers Nador.
Ils doivent comparaître, dès mardi 18 octobre, devant le procureur général de Nador, selon l’AMDH. Une source judiciaire a expliqué à l’AFP sur place que « certains ont fait usage de violence lors de leur arrestation », ce que nie l’AMDH.
Pour Omar Naji, militant de cette association, il n’y a pas eu d’affrontement. « Les migrants étaient endormis au moment où ils ont été interpellés. Il était 4 heures du matin », a-t-il expliqué à InfoMigrants. « Les autorités utilisent des drones pour localiser les migrants dans la forêt de Gourougou », a-t-il ajouté.
Le Maroc « aurait dû protéger ces demandeurs d’asile au lieu de les arrêter », mais le pays « joue le rôle du gendarme au service de la politique européenne de l’immigration », a-t-il regretté.
Des arrestations sur la route de Oujda à Nador
La forêt de Gourougou abrite fréquemment des campements de migrants d’origine subsaharienne qui cherchent à s’introduire illégalement dans l’enclave espagnole de Melilla. Ces derniers temps, le durcissement et l’augmentation des contrôles policiers a toutefois eu pour effet de réduire la population présente dans cette zone.
« En ce moment, il y a très peu de migrants, car ils sont arrêtés en amont, sur la route de Oujda vers Nador pour limiter les rassemblements dans la forêt », a précisé Omar Naji, qui a évoqué des arrestations toutes les semaines.
Le 24 juin, près de 2 000 d’entre eux, originaires du Soudan, avaient tenté d’entrer en force à Melilla via le poste-frontière de Nador. Le drame avait fait 23 morts, selon les autorités marocaines. Sur des images amateur filmées ce jour-là, on pouvait voir des amoncellements de corps inertes gisant au sol, des visages de migrants en souffrance et des coups de matraque distribués par les forces de l’ordre marocaines sur des hommes déjà à terre.
« On entendait beaucoup de cris, des cris de détresse » : Mamadou, témoin du drame de Melilla
Cette tentative avait été précédée de violents heurts pendant plusieurs jours entre migrants et forces de l’ordre marocaines dans et autour de campements clandestins établis dans la forêt de Gourougou.
Depuis, plusieurs dizaines de migrants ont été condamnés, en plusieurs groupes séparés, à des peines de prison en première instance, systématiquement alourdies par la Cour d’appel de Nador.
Ce drame migratoire est le plus meurtrier jamais survenu lors des nombreuses tentatives de migrants subsahariens de pénétrer à Melilla et dans l’autre enclave espagnole de Ceuta, qui constituent les seules frontières terrestres de l’Union européenne avec le continent africain.
Selon l’AMDH, cet évènement tragique résulte de la reprise de la coopération migratoire entre Rabat et Madrid, prix de leur réconciliation scellée en mars après un an de brouille diplomatique.