La justice marocaine a condamné à de lourdes peines de prison un groupe de 15 migrants soudanais, a appris l’AFP jeudi. Ces exilés avaient été arrêtés après la tentative d’entrée en force dans l’enclave espagnole de Melilla, au nord du Maroc, le 24 juin dernier. Cette tentative avait fait 23 morts.
Plus de trois mois après la tentative de prise d’assaut de la frontière à Melilla, les verdicts pleuvent contre les migrants. Jeudi 13 octobre, la justice marocaine a condamné à de lourdes peines de prison un groupe de 15 Soudanais, en situation irrégulière, arrêtés après ces faits survenus dans l’enclave espagnole située au nord du Maroc.
Huit migrants ont écopé de trois ans de prison ferme et sept de deux ans d’emprisonnement devant la chambre criminelle de Nador, ville marocaine frontalière de Melilla, selon le verdict rendu dans la nuit de mercredi à jeudi.
Ils ont été reconnus coupables d' »entrée illégale sur le territoire marocain », dans l’intention de se rendre en Europe, de « violence contre des agents de la force publique » et de « refus d’obtempérer », a précisé à l’AFP leur avocat Mbarek Bouirig. En revanche, le tribunal n’a pas retenu l’accusation d' »attroupement armé ». La défense a l’intention de faire appel.
« Les migrants ont besoin d’être protégés et non pas d’avoir peur »
Le 24 juin, près de 2 000 migrants en majorité originaires du Soudan – pays très pauvre – avaient tenté de s’introduire dans la cité espagnole de Melilla via le poste-frontière marocain de Nador.
Cette tentative avait été précédée de violents heurts pendant plusieurs jours entre migrants et forces marocaines dans des campements clandestins installés aux alentours de Nador. Le drame a fait 23 morts parmi les migrants, selon les autorités marocaines, 27 d’après l’Association marocaine des droits humains (AMDH).
Sur des images amateur filmées ce jour-là, on pouvait voir des amoncellements de corps inertes gisant au sol, des visages de migrants en souffrance, et des coups de matraque distribués par les forces de l’ordre marocaines sur des hommes déjà à terre.
Ce bilan est le plus lourd jamais enregistré lors d’une des nombreuses tentatives de migrants d’entrer à Melilla et dans l’enclave espagnole voisine de Ceuta, seules frontières terrestres de l’Union européenne avec le continent africain.
Les jugements rendus envers ces 15 Soudanais ont été qualifiés de « sévères » par l’AMDH. Selon elle, ces verdicts ont pour but de « faire peur ». « Les migrants ont besoin d’être protégés et non pas d’avoir peur », a estimé l’association marocaine sur son compte Twitter.
Peines de prison systématiquement alourdies
Ces condamnations sont les dernières en date d’une série. Plusieurs dizaines de migrants, répartis en plusieurs groupes, ont déjà écopé de peines de prison en première instance, systématiquement alourdies par la Cour d’appel de Nador.
Le 6 octobre, 18 exilés soudanais et tchadiens – qui avaient été interpellés à la suite du drame – ont été condamnés à une peine de trois ans d’emprisonnement par la Cour d’appel de Nador, pour « violence contre agents de la force publique » notamment.
Le 29 septembre, quinze autres exilés de mêmes nationalités ont écopé d’une peine identique, toujours en appel. Le 17 août, un groupe de 13 personnes avait déjà été condamné à deux ans et demi de prison ferme.
Le procès en appel d’un énième groupe, de 14 migrants cette fois-ci, prévu jeudi à Nador, a été reporté d’une semaine faute de traducteur, a annoncé l’AMDH.