Selon Frontex, la route des Balkans est redevenue très active au cours de la première moitié de l’année 2022, avec plus de 70 000 franchissements de frontières illégaux, soit une augmentation de 205% par rapport à 2021. L’agence européenne n’a pas donné d’explications à ce phénomène.
Malgré les murs et les barbelés européens, la route des Balkans est toujours active. Elle est même encore plus empruntée qu’elle ne l’a jamais été depuis 2015, année d’un important afflux dans la région.
“La route des Balkans a continué à être la route migratoire la plus active pour rejoindre l’Union européenne (UE) avec 14 866 détections [de passages] en juillet, près de trois fois plus que l’année dernière”, a tweeté Frontex, l’agence de surveillance des frontières extérieures de l’Union européenne (UE), le 12 août.
Au total depuis janvier, plus de 70 000 franchissements de frontières illégaux ont été détectés, pointe encore Frontex, soit une augmentation de 205% par rapport à la même période en 2021. Du jamais vu depuis la crise de 2015-2016.
L’une des conséquences de cet afflux est visible en Serbie, où des milliers de migrants s’amasseraient actuellement près de la frontière avec la Hongrie, rapporte le journal Le Monde. “Des Tunisiens, des Marocains et des Algériens”, écrivent nos confrères, “des hommes, uniquement, qui ne fuient pas la guerre, mais rêvent de travailler en Europe de l’Ouest”.
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Plusieurs “jungles”, à l’image de celle de Calais, se sont également formées dans cette zone frontalière, affirme encore le quotidien, qui relève une “tolérance historique” de la part des autorités serbes envers les migrants.
En Hongrie, les entrées illégales ont plus que doublé en 2022
Côté hongrois, où les migrants présents en Serbie espèrent passer, l’augmentation des arrivées est également palpable, malgré les hautes clôtures érigées à la frontière. “En 2022, 145 000 migrants illégaux ont été enregistrés dans le pays”, a indiqué Christine Anderson, élue du Parlement européen, sur Twitter le 21 août. “C’est plus que le double » des chiffres enregistrés en 2021. Même s’ils parviennent à atteindre la Hongrie, beaucoup de migrants sont renvoyés en Serbie, pays non-membre de l’Union européenne, victimes de fait de refoulements illégaux.
Cette réactivation de la route des Balkans et l’augmentation nette des passages restent inexpliquées. Frontex n’a pas donné de raison et s’est contentée de préciser que la plupart des exilés se trouvaient dans la région depuis un certain temps avant de chercher à entrer dans l’UE.
Les pays des Balkans sont souvent des goulots d’étranglement pour les migrants. Devant la difficulté de passer en Croatie depuis la Bosnie ou bien en Hongrie depuis la Serbie, de plus en plus de personnes ont commencé, en 2021, à emprunter le chemin de la Roumanie, plus à l’est.
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La route des Balkans est, depuis 2015, empruntée majoritairement par des personnes originaires de l’Afghanistan, du Pakistan et de la Syrie. Mais, selon les autorités serbes, un nombre grandissant de ressortissants indiens a tenté de rejoindre clandestinement l’Union européenne ces derniers mois. Pour eux, la Serbie est une destination privilégiée, puisqu’ils y sont exemptés de visa.