En Italie, Giorgia Meloni, présidente du parti d’extrême droite Fratelli d’Italia, est donnée favorite des législatives du 25 septembre. La candidate populiste de 45 ans, proche des sphères post-fascistes et adepte des coups médiatiques, dénonce « le remplacement ethnique en cours en Italie ». Avec un style radical : dimanche, elle a posté sur Twitter la vidéo d’un viol impliquant un demandeur d’asile guinéen.
Le mouvement anti-migrants semble avoir de beaux jours devant lui en Italie. À l’approche des élections législatives du 25 septembre dans le pays, une candidate d’extrême droite se détache du lot : Giorgia Meloni, 45 ans, présidente du parti Fratelli d’Italia (FDI), et incarnation vivante de l’esprit post-fasciste.
Cette candidate à la volonté de fer et au ton combatif est donnée favorite pour devenir la première femme chef de gouvernement de l’Histoire d’Italie. La coalition des droites, dans laquelle le FDI est le principal parti aux côtés de la Ligue de Matteo Salvini et de Forza Italia de Silvio Berlusconi, est en effet en tête avec 46%, devançant largement la gauche, à 30%, dans les enquêtes d’opinion.
Le programme de Giorgia Meloni ressemble à celui prôné par les autres formations européennes d’extrême droite : souverainisme anti-européen, lutte contre les « lobbies » LGBT, et, bien-sûr, haro sur l’immigration et l' »islamisation », dans une Italie toujours plus confrontée aux arrivées de migrants.
« Je veux libérer cette nation », a lancé une Giorgia Meloni véhémente, mardi 23 août, lors de son premier grand meeting électoral à Ancône, dans l’est de l’Italie. « Je n’ai pas peur, je suis disposée à conduire cette bataille, je suis prête, et vous ? »
Au-delà « des limites de la dignité et de la décence »
L’engagement de Giorgia Meloni ne date pas d’hier. En octobre 2016, elle dénonçait sur Facebook « le remplacement ethnique en cours en Italie ». Et la quadragénaire ne lésine pas sur les moyens pour dénoncer les fléaux provoqués, selon elle, par l’immigration. Dimanche 21 août, en pleine campagne électorale, Giorgia Meloni a posté sur Twitter la vidéo d’un viol présenté comme celui d’une Ukrainienne par un demandeur d’asile originaire de Guinée.
Sur les images, filmées par un témoin depuis une fenêtre surplombant la rue, on peut entendre la victime crier. Dans cette affaire, un homme de 27 ans a été arrêté, selon des médias italiens.
« On ne peut pas rester silencieux face à ce cas atroce de violence sexuelles (perpétré) en plein jour à Piacenza [dans le nord du pays, ndlr] par un demandeur d’asile », a écrit Giorgia Meloni. « Un câlin pour cette femme. Je ferai tout mon possible pour ramener la sécurité dans nos villes. »
La publication de la vidéo de ce crime – depuis masquée par Facebook, Instagram et Twitter pour violation de leurs règles d’utilisation – a suscité le désespoir de la victime. Elle a également provoqué l’indignation de la gauche qui a dénoncé l’instrumentalisation de cette affaire.
Enrico Letta, principal opposant de Meloni et leader du Parti démocrate (PD, centre-gauche), a estimé que publier ces images constituait un acte qui allait au-delà « des limites de la dignité et de la décence ». La candidate en cause a contre-attaqué : « Pourquoi ne parlez-vous pas de cela ? Parce que, sinon, il vous faudrait vous faire à l’idée que la sécurité dans nos villes est hors de contrôle, grâce aussi aux politiques d’immigration surréalistes que vous avez menées. »
Mussolini a « beaucoup accompli »
Cette Romaine est habituée des polémiques. Elle et son parti sont les héritiers du Mouvement social italien (MSI), parti néofasciste créé après la Seconde Guerre mondiale.
Giorgia Meloni entre en militance à 15 ans dans les associations étudiantes classées très à droite. En 1996, à l’âge de 19 ans, elle prend la tête d’une association lycéenne, Azione Studentesca. C’est à cette époque qu’elle affirme à la chaîne française France 3 que le dictateur Benito Mussolini était « un bon politicien ».
Si ses propos ont depuis été nuancés, la candidate estime aujourd’hui encore que Mussolini a « beaucoup accompli », sans l’exonérer de ses « erreurs » : les lois antijuives, l’entrée en guerre, l’autoritarisme. Elle assure toutefois que, dans ses rangs, « il n’y a pas de place pour les nostalgiques du fascisme, ni pour le racisme et l’antisémitisme ».
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En 2006, elle devient députée et vice-présidente de la chambre. Deux ans plus tard, elle est nommée ministre de la Jeunesse dans le gouvernement de Silvio Berlusconi. Fin 2012, lasse des dissensions qui rongent la droite, elle fonde Fratelli d’Italia avec d’autres dissidents du Berlusconisme, et choisit de camper dans l’opposition.
Au-delà de la percée attendue de Giorgia Meloni, les législatives du 25 septembre sont l’occasion d’un retour sur le devant de la scène de Matteo Salvini, autre leader d’extrême droite. L’ancien ministre de l’Intérieur, qui fait l’objet de poursuites judiciaires pour avoir bloqué des migrants en Méditerranée à l’été 2019 notamment, n’a pas changé d’un iota sa ligne dure depuis son départ du pouvoir. Durant cette campagne, il a d’entrée renoué avec ses déclarations choc d’antan : désormais, Matteo Salvini plaide pour une délocalisation en Afrique du Nord des centres d’enregistrement des demandes d’asile.