Des heurts ont éclaté entre migrants et forces de l’ordre, jeudi, lors de l’évacuation du camp d’Eleonas, à Athènes, qui abritaient quelque 670 personnes. Finalement, seules quelques dizaines d’exilés ont quitté les lieux.
Le camp de migrants d’Eleonas, à Athènes, devait être évacué, jeudi 18 août, mais des heurts sont survenus entre la police et des habitants du camp. La tentative de vider les lieux de ses quelque 670 occupants a commencé à l’aube, vers cinq heures, quand la police a enlevé les barricades que ceux-ci avaient érigées aux entrées.
Malgré les conditions précaires de vie dans ce camp, des habitants s’opposent à sa fermeture. Beaucoup d’entre eux craignent en effet d’être envoyés dans une zone isolée ou bien d’être contraints de vivre à la rue.
Ce jeudi, les migrants et les militants défendant leur cause se sont heurtés à la police antiémeute. Selon des vidéos faites sur place, cette dernière a notamment utilisé du gaz lacrymogène pour les repousser. La police n’est finalement parvenue à expulser que quelques dizaines de personnes, ont annoncé des responsables officiels.
« En coopération avec la municipalité d’Athènes, nous procédons à la fermeture du camp d’Eleonas, à mesure que la modernisation de la zone avance et qu’il y a des places disponibles dans d’autres structures existantes », a expliqué le ministre des Migrations Notis Mitarachi sur Twitter. « Malheureusement, un petit nombre de migrants et des groupes qui les soutiennent tentent de dynamiter le mouvement », a-t-il ajouté.
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« Tous les migrants transférés ont signé une déclaration de consentement », a affirmé à l’AFP un responsable du ministère des Migrations, assurant que le processus d’évacuation sera achevé d’ici à la fin de l’année. La plupart des migrants d’Eleonas, qui y sont hébergés dans des conteneurs, seront transférés à Schisto, le dernier autre camp encore existant dans la capitale grecque.
Eleonas a été le premier camp de migrants à ouvrir en Grèce continentale en août 2015. Plusieurs responsables du monde entier, qui souhaitaient avoir un aperçu du problème migratoire en Grèce, l’ont visité, dont l’ex-président français François Hollande et la présidente du Parlement européen Roberta Metsola.
Refoulements fréquents
La Grèce est l’une des principales portes d’entrée en Europe pour les personnes qui fuient l’Afrique et le Moyen-Orient en quête d’une vie meilleure dans l’Union européenne (UE). Mais le nombre des arrivées a considérablement diminué ces dernières années. Les associations caritatives et les médias accusent Athènes de renvoyer illégalement les migrants, ce que le gouvernement conservateur grec dément.
Pourtant, les témoignages de migrants ayant subi des refoulements, tant à la frontière terrestre que maritime, sont nombreux. Fin juillet, la plateforme d’aide aux migrants Alarm Phone a alerté sur le cas de deux exilés disparus en mer Egée à la suite d’une opération de refoulement.
Il arrive également que les opérations de refoulement provoquent des situations de blocage pouvant tourner au drame. Début août, un groupe d’une quarantaine de personnes a été bloqué pendant plusieurs jours sur un îlot du fleuve Evros, frontière naturelle entre la Grèce et la Turquie. Conséquence tragique de l’isolement de ce groupe : une enfant âgée de cinq ans, prénommée “Maria”, est décédée la semaine dernière sur l’îlot, après avoir été piquée par un scorpion.