Dimanche et lundi, le navire humanitaire Ocean Viking a secouru 164 personnes en détresse dans l’eau, tandis que samedi, le Geo Barents a lui porté assistance à 101 migrants dont l’embarcation s’était dégonflée en pleine mer. Dans le même temps, les autorités libyennes ont intercepté plus de 500 exilés sur une plage de Misrata au moment de leur départ vers les côtes européennes.
Les sauvetages en Méditerranée centrale continuent semaine après semaine. Lundi 25 avril, l’Ocean Viking, le bateau de secours de SOS Méditerranée, a porté assistance à 94 migrants « en détresse à bord d’un pneumatique surchargé au large de la Libye », indique l’équipage sur Twitter. La veille, dimanche 24 avril, le navire humanitaire avait déjà secouru 70 exilés à bord d’un canot dégonflé.
Au total, ce sont donc 164 personnes qui se trouvent à bord.
Après des moments de « panique » à l’approche d’un patrouilleur libyen lors des deux opérations de sauvetage, tous les rescapés dont 64 mineurs non accompagnés ont pu être pris en charge par le navire humanitaire.
Les photos prises par l’ONG au moment du sauvetage de dimanche montrent un canot pneumatique dégonflé et des passagers en tee-shirt sans gilets de sauvetage, voués à une mort certaine sans l’intervention de l’Ocean Viking.
Samedi 23 avril, le Geo Barents, le navire de Médecins sans frontières (MSF) a, lui, porté secours à 101 personnes en détresse au large de la Libye, dans les eaux internationales. Parmi les rescapés se trouvaient quatre jeunes enfants et une femme enceinte.
Une autre embarcation vide et carbonisée a également été retrouvée quelques heures plus tard par le navire humanitaire à la surface de l’eau. Tout porte à croire que ce canot a été intercepté par les Libyens et que ses occupants ont été rapatriés à Tripoli, selon MSF.
« La perte continue de vies humaines en Méditerranée ne doit pas être normalisée. Les vies humaines sont le prix de l’inaction [européenne] », a dénoncé la semaine dernière l’agence onusienne pour les migrations (OIM) à la suite d’un énième naufrage en mer, le 16 avril. Trente-cinq personnes seraient mortes ce jour-là, au large de Sabratha, selon les estimations de l’OIM.
Depuis le début de l’année, au moins 511 migrants ont péri en Méditerranée centrale en tentant de rejoindre l’Europe sur des bateaux de fortune, d’après l’OIM. En tout depuis 2014, ce sont presque 24 000 personnes qui ont perdu la vie dans cette zone maritime, l’une des plus meurtrière au monde.
Plus de 500 migrants interceptés par les garde-côtes libyens à Misrata
Dans le même temps, un groupe de 542 exilés a été intercepté dimanche et placé en détention à Tripoli. Ils s’apprêtaient à entreprendre la périlleuse traversée de la Méditerranée depuis la côte ouest libyenne, a appris l’AFP de source sécuritaire.
Ces candidats à l’exil ont été arrêtés par les autorités libyennes près d’une plage de Misrata, à quelque 200 km de la capitale, alors qu’ils se préparaient à monter à bord d’embarcations pneumatiques, a déclaré à l’AFP un responsable au sein de l’Organe de lutte contre l’immigration clandestine, affilié au ministère de l’Intérieur.
Pour la plupart originaires du Bangladesh, d’après un photographe de l’AFP, ils ont été transférés le même jour en bus vers un centre de détention près de Tripoli où « une aide humanitaire leur sera fournie jusqu’à leur expulsion vers leurs pays », a affirmé le responsable libyen.
Qu’advient-il des migrants interceptés en mer par les garde-côtes libyens ?
Les arrestations de migrants sur la plage et en mer sont quasi-systématiquement suivies par des envois en prison. Les centres pénitentiaires foisonnent dans le pays, à l’instar des prisons de Tariq Al-Sikka, à Tripoli, de celle de Sharah Zawiya, au sud de la capitale, ou encore de celle de Zintan, au sud-ouest. Il existe aussi des centres clandestins, gérés par des milices, et des groupes armés.
Les conditions de vie dans ces centres sont déplorables. De nombreux témoignages font état de violences, de tortures, ou encore de privations de nourriture.
La rédaction tient à rappeler que les navires humanitaires (Ocean Viking, Sea Watch, Mare Jonio…) sillonnent une partie très limitée de la mer Méditerranée. La présence de ces ONG est loin d’être une garantie de secours pour les migrants qui veulent tenter la traversée depuis les côtes africaines. Beaucoup d’embarcations passent inaperçues dans l’immensité de la mer. Beaucoup de canots sombrent aussi sans avoir été repérés. La Méditerranée reste aujourd’hui la route maritime la plus meurtrière au monde.