En Grèce, sur l’île de Lesbos, ce jeudi 18 novembre marque l’ouverture du procès de 24 humanitaires qui collaboraient avec l’ONG ERCI (Emergency Response Center International, qui signifie Centre international d’intervention d’urgence). L’organisation effectuait notamment des opérations de sauvetage de demandeurs d’asile et de migrants au large de Lesbos, entre 2016 et 2018. Sur le papier, les accusés risquent jusqu’à 25 ans de prison. Une peine potentielle très lourde, qui correspond dans les faits, à la durée maximale d’incarcération prévue par la justice grecque.
Espionnage, divulgation de secrets d’État, trafic d’êtres humains, appartenance à un groupe criminel et blanchiment d’argent, voilà le résumé de la longue liste de chefs d’accusations desquels devront répondre les vingt-quatre personnes poursuivies, à partir de ce jeudi, devant la justice grecque. Toutes étaient affiliées, sur l’île de Lesbos, à une même organisation humanitaire.
Décourager les humanitaires
Ces charges sont pourtant jugées « grotesques » par Amnesty International. Dans un communiqué, l’organisation affirme que ce dossier « montre jusqu’où les autorités grecques sont prêtes à aller pour décourager les gens de venir en aide aux réfugiés et aux migrants ». Pour Human rights watch, ce procès a en effet des « motivations politiques ».
Parmi les accusés, deux volontaires de l’ONG ont déjà effectué trois mois de détention préventive en 2018. Parmi eux, Sarah Mardini, une réfugiée syrienne, connue pour avoir sauvé avec sa sœur, toutes deux nageuses, la vingtaine d’autres passagers de leur embarcation, alors à la dérive. C’était en 2015.
Pour des raisons de procédures propres à la justice grecque, qui autorisent les accusés à demander, lors de l’audience, le report du procès, les véritables débats judiciaires ont cependant des chances non négligeables d’être finalement ajournés à une date ultérieure.