Canons à eau, jets de gaz lacrymogène, grenades assourdissantes… La situation ne cesse de se dégrader à la frontière polono-biélorusse, où des milliers de migrants se massent pour essayer d’entrer en Union européenne. Neuf policiers polonais ont été blessés dans des affrontements. La Biélorussie affirme, de son côté, avoir apporté une assistance médicale à une vingtaine de migrants pour des problèmes respiratoires et oculaires.
Les forces de sécurité polonaises ont fait usage de gaz lacrymogène et déployé des canons à eau pour repousser des migrants qui tentaient de franchir la frontière, mardi 17 novembre. Ce face-à-face dont la violence s’intensifie de jour en jour a débuté la semaine dernière, près du point de passage entre les villages biélorusse de Bruzgi et polonais de Kuznica.
Les tentatives de franchissement de la frontière se sont poursuivies pendant la nuit, a déclaré le ministre de la Défense, Mariusz Blaszczak, à la radio publique polonaise PR1. « Malheureusement la nuit n’était pas calme non plus. Les méthodes d’attaques à la frontière polonaise sont toujours les mêmes. De plus petits groupes de migrants ont également tenté de traverser la frontière à d’autres endroits ».
Les autorités polonaises ont accusé les exilés de leur jeter des projectiles (bâtons, bûches, pierres…) ainsi que des grenades assourdissantes. « Des migrants ont attaqué nos soldats et nos officiers avec des pierres et tentent de détruire la clôture », a indiqué sur Twitter le ministère polonais de la Défense. À Kuznica, « nos forces ont utilisé du gaz lacrymogène pour réprimer l’agression des migrants ».
Neuf policiers, un garde-frontière et un soldat ont été blessés dans les affrontements, ont également indiqué des responsables polonais qui ont dit avoir enregistré, mardi, au total « 161 tentatives de traversées illégales » de frontières, y compris « deux tentatives de passages en force ».
Déjà 11 morts depuis l’été
La Biélorussie a, de son côté, accusé Varsovie de vouloir aggraver la situation. Et le ministère de la Santé d’insister sur les blessés. Ce dernier a déclaré qu’une vingtaine de migrants avaient reçu une assistance médicale ces derniers jours, dont cinq personnes pour des problèmes oculaires et respiratoires au cours des dernières heures. Minsk a également annoncé mettre en place un « centre logistique » dans la région de Grodno, où les exilés pourraient dormir.
Environ 4 000 migrants au total campent actuellement, selon les garde-frontières polonais, dans le froid et des conditions qui se dégradent de jour en jour, le long de cette frontière. D’après des groupes associatifs de la région, au moins 11 personnes sont déjà mortes de part et d’autre de la frontière depuis l’été.
La commissaire aux droits de l’Homme du Conseil de l’Europe Dunja Mijatovic s’est rendue dans la région, mardi, appelant à une désescalade et à autoriser les organisations humanitaires et médias à avoir un « plein accès » à la frontière. « Nous devons trouver un moyen de désamorcer » la situation. « L’objectif est vraiment d’arrêter la souffrance ».
« Intolérable et inacceptable »
L’UE affirme que Minsk a organisé l’afflux de milliers de migrants aux frontières de la Pologne et de la Lituanie pour se venger des sanctions imposées après la réélection frauduleuse d’Alexandre Loukachenko, en août 2020.
« Le régime [du président] Loukachenko instrumentalise de manière inhumaine et éhontée les flux migratoires pour tenter de déstabiliser et de désunir l’Union européenne. C’est intolérable et inacceptable », a, à cet égard, dénoncé, mardi, le Premier ministre français Jean Castex.
Bruxelles et Washington ont annoncé, lundi, vouloir élargir, dans les prochains jours, les mesures punitives prises contre la Biélorussie.