Cette note, insiste en préambule Philippe Martin, président du CAE, ne répond pas à une commande de l’exécutif, mais résulte des travaux des deux auteurs, Emmanuelle Auriol, membre du CAE et professeure à l’Ecole d’économie de Toulouse, et Hillel Rapoport, de l’université Paris-I et de l’Ecole d’économie de Paris. Elle « n’engage qu’eux et pas les autres membres du CAE ». Ce débat autour de l’immigration « qualifiée », que le CAE présente comme « source de prospérité », n’est pas nouveau. Nicolas Sarkozy avait, lors de son accession à la présidence de la République, en 2007, prôné une immigration « choisie » en opposition à une immigration « subie ».
En 2019, sous la présidence d’Emmanuel Macron, le gouvernement d’Edouard Philippe avait à son tour présenté un ensemble de mesures visant à « reprendre le contrôle de notre politique migratoire », selon les termes employés par le premier ministre, avec entre autres l’intention de renforcer l’immigration de travail, en mettant en place des objectifs chiffrés pour répondre aux besoins non couverts, tels que définis par une liste des « métiers en tension » fixée en 2008 par arrêté et réactualisée en 2019.
« Perception négative »
Sans le formuler explicitement, le CAE dresse en filigrane un constat d’échec de ces politiques. « Malgré des initiatives en faveur de l’immigration de travail, et notamment du travail qualifié, l’immigration familiale demeure le principal motif des visas accordés en France », écrivent les deux auteurs de la note. En 2019, le motif économique représentait 39 000 titres de séjour, contre 91 000 pour le motif familial et 90 000 titres étudiants, selon les chiffres du ministère de l’intérieur.
Sachant que le flux annuel des immigrés entrant en France, tel que mesuré par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), était de 292 000 personnes en 2019, soit 0,41 % de la population, contre 0,85 % pour la moyenne des pays membres de l’OCDE. Résultat, pour la période 2000-2010, les immigrés ont permis d’augmenter le nombre de travailleurs hautement qualifiés de seulement 3,5 % en France, contre 10 % au Royaume-Uni, en Australie ou au Canada, et de près de 7 % aux Etats-Unis ou en Suède, selon les données de l’OCDE.