Près de 1 400 migrants ont été accueillis en une semaine dans un « centre d’accueil temporaire » – 300 lits de camp répartis dans deux hangars – ouvert chaque nuit par l’Etat à Calais, a relevé, mercredi 10 novembre, la préfecture.
De grandes tentes blanches ont été installées dans ces deux hangars chauffés, situés dans la zone industrielle de Calais, à environ 4 kilomètres du centre-ville, déjà ouverts ponctuellement en hiver ces dernières années, en fonction des conditions climatiques.
Les migrants y sont acheminés en bus. Sur place, ils disposent d’une collation, de prises électriques pour recharger leur téléphone, de sanitaires, d’une brosse à dents et d’une paire de tongs. Sur les murs, des affiches rappellent les dangers liés à la traversée de la Manche à bord d’une embarcation de fortune.
Les migrants peuvent y passer une nuit, mais ils doivent quitter les lieux à 8 h 30. En moyenne, 197 personnes sont accueillies chaque nuit ; 1 380 y ont été accueillies en une semaine, selon la préfecture. Elles sont, si elles le souhaitent, redirigées ensuite vers des hébergements plus pérennes en dehors de Calais. « On est sur une structure temporaire qui a vocation à faire de l’accueil exceptionnel. C’est un site qui n’a pas vocation à être pérennisé », insiste Véronique Deprez-Boudier, sous-préfète de Calais.
Un dispositif qui ne convainc ni les associations ni la municipalité
L’ouverture de ce « sas » avait été annoncée le 3 novembre par le patron de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII), Didier Leschi, envoyé en médiation à Calais par le gouvernement pour négocier avec plusieurs militants associatifs en grève de la faim qui dénoncent la politique de l’Etat à l’égard des migrants. Plus de 300 membres d’Emmaüs ont entamé mercredi matin un « jeûne symbolique » de vingt-quatre heures en soutien à ces grévistes.
Ce dispositif, décidé par l’Etat en réponse aux récriminations des associations sur les conditions de vie des migrants à Calais, ne convainc ni les associations ni la municipalité. « Ça ne suffit pas », estime Ludivine Colas, coordinatrice d’Utopia 56. « Trois cents places ne peuvent pas combler les besoins de 1 500 personnes présentes sur le Calaisis. On souhaiterait aussi un dispositif (…) qui permette [aux migrants] de se reposer sur plusieurs jours », affirme-t-elle. « C’est toujours ça de pris, mais c’est vraiment insuffisant », tance Pierre Roques, coordinateur de l’Auberge des migrants.