La Lituanie adopte un projet de loi autorisant la détention de migrants
14 juillet 2021Le texte de loi est destiné à décourager les migrants de venir en Lituanie. « Les conditions d’accueil ne seront pas bonnes ici », a déclaré la ministre de l’Intérieur Agne Bilotaite. La nouvelle loi interdit notamment la remise en liberté des migrants pendant six mois après leur arrivée. Elle autorise aussi l’expulsion des demandeurs d’asile pendant leur recours.
Le parlement lituanien a adopté mardi 13 juillet un projet de loi autorisant la détention à grande échelle des demandeurs d’asile. L’objectif : dissuader les nombreux migrants qui tentent de franchir la frontière avec la Biélorussie.
Le projet de loi a été adopté à une majorité de 84 députés sur 141, en dépit des protestations de la Croix-Rouge et d’autres organisations non gouvernementales, pour qui le texte ne respecte ni les engagements internationaux de la Lituanie ni les droits des migrants.>
« Des propositions anticonstitutionnelles »
La nouvelle loi interdit toute remise en liberté des migrants pendant six mois après leur arrivée. La Première ministre lituanienne Ingrida Simonyte a déclaré que ces mesures de détention permettraient ainsi d’éviter que les migrants poursuivent illégalement leur route vers l’ouest de l’Union européenne (UE).
La loi limite aussi le droit d’appel des demandeurs d’asile déboutés et stipule que ceux-ci peuvent être expulsés pendant l’examen de leur appel.
Elle supprime également la plupart des droits accordés aux migrants, tels que le droit à un traducteur ou le droit d’obtenir des informations sur leur statut et la procédure d’asile.
Avant le vote, Dainius Zalimas, un avocat qui, jusqu’en juin, était le président de la Cour constitutionnelle lituanienne, a déclaré à Reuters que « les propositions, qui sont inconstitutionnelles, reposent sur le postulat que tous les étrangers qui ont franchi la frontière sont des êtres humains de seconde zone, qui ne bénéficient pas de droits constitutionnels. »
« Pas de vrais demandeurs d’asile »
En présentant le projet de loi, la ministre de l’Intérieur a souligné que le texte était destiné à clairement « envoyer le message aux Irakiens et aux autres que ce n’est pas une route pratique, les conditions ne seront pas bonnes ici ».
Agne Bilotaite a ajouté que les migrants arrivés récemment n’étaient « pas de vrais demandeurs d’asile » mais un « outil utilisé contre la Lituanie » par le président biélorusse Alexandre Loukachenko. Ce dernier a promis des représailles contre l’UE suite aux mesures prises par Bruxelles pour sanctionner sa répression violente des manifestations en Biélorussie.
Alors que la Lituanie voit traditionnellement moins d’une centaine de migrants arriver chaque année, elle a été confrontée à l’arrivée de 1 700 personnes sur son territoire cette année, dont 1 100 depuis le début du mois de juillet.