Royaume-Uni : jusqu’à 4 ans de prison pour les migrants qui entrent illégalement sur le sol anglais
5 juillet 2021Le Home Office espère faire passer de 6 mois à 4 ans les peines de prison contre les migrants qui entrent dans le pays de manière illégale. La ministre britannique de l’Intérieur, Priti Patel, espère aussi durcir la peine encourue contre les passeurs de 14 ans à la perpétuité.
Le Royaume-Uni ne cesse de durcir sa politique migratoire. Le pays a annoncé qu’il allait augmenter à quatre ans, contre six mois actuellement, la peine de prison encourue par les migrants qui cherchent à rentrer illégalement sur le sol britannique.Cette nouvelle disposition, annoncée ce week-end par le ministère de l’Intérieur, Priti Patel, s’inscrit dans le projet de loi de réforme du système d’asile, qui arrive mardi 6 juillet devant le Parlement britannique.>
Le projet de loi prévoit également de porter à la prison à vie – contre 14 ans d’emprisonnement actuellement – le maximum encouru par les passeurs.Le gouvernement conservateur avait présenté en mars dernier son projet de durcissement de son système d’asile, expliquant que l’actuel se trouvait « débordé ».
Un projet « juste mais ferme »
Présenté par Priti Patel comme « juste mais ferme », il vise à décourager l’immigration illégale et prévoit de différencier les migrants selon leur mode d’arrivée dans le pays : légalement ou illégalement.
Durcir les conditions d’immigration est une demande des partisans du Brexit, qui a mis fin à la libre circulation entre le Royaume-Uni et les pays de l’Union européenne.
Selon le ministère de l’Intérieur, les migrants qui arrivent par la Manche ne respectent pas le Règlement Dublin – qui impose de déposer l’asile dans le premier pays d’arrivée en Europe. « Il est « très vraisemblable que ceux qui se rendent au Royaume-Uni à bord de petites embarcations viennent d’un pays sûr de l’Union européenne où ils auraient pu demander l’asile ».>
« Shopping » d’asile
« Quand c’est le cas, ils ne cherchent pas le premier endroit possible où se réfugier », mais font du « shopping » en « choisissant le Royaume-Uni comme destination préférée à d’autres, en utilisant des voies illégales pour s’y rendre », affirme encore le Home Office.
Fin janvier, le Royaume-Uni avait déjà pris des mesures drastiques concernant les mineurs non accompagnés, en mettant fin à l’amendement Dubs signé en mars 2016. Le texte était une sorte de « super protocole de transfert rapide et simplifié » pour les jeunes isolés qui souhaitaient venir en Angleterre.
Désormais, les enfants qui veulent rejoindre un proche au Royaume-Uni pourront toujours le faire mais grâce aux règles d’immigration existantes en Grande-Bretagne. Une procédure stricte, la demande de réunification familiale prévue par la loi anglaise étant bien plus contraignante que l’amendement Dubs.
Nombre de traversées record
Ce projet de loi intervient alors qu’un nombre record de migrants ont traversé la Manche à bord de petites embarcations, près de 6 000 pour les six premiers mois de l’année 2021.
En 2020, un peu plus de 8 000 migrants étaient arrivés sur le sol britannique. Ce nombre pourrait être dépassé dans les deux mois qui viennent si les traversées ne ralentissent pas cet été, selon l’agence de presse britannique PA.
« Au lieu de répandre délibérément mythes et contre-vérités au sujet de l’asile et l’immigration, le Home Office ferait mieux d’établir des voies sûres pour que ces quelques personnes qui fuient les persécutions et veulent demander l’asile ici », a réagi le responsable d’Amnesty International sur ces questions au Royaume-Uni, Steve Valdez-Symonds.