Aide au retour volontaire de l’Ofii : comment ça marche ?
16 décembre 2020Des maraudes de l’Ofii sont régulièrement organisées dans des lieux de vie de migrants à la rue, notamment dans le Nord-Pas-de-Calais, ou dans des centres d’accueil. Le but : inciter à l’aide d’une somme d’argent les migrants déboutés de l’asile ou en situation irrégulière à rentrer dans leur pays. Comment cela fonctionne-t-il ?
Depuis début 2020, plus de 4 000 étrangers, dont des Irakiens, des Afghans et des Pakistanais, ont quitté la France pour rentrer dans leur pays d’origine. Désespérés et épuisés après parfois des années d’errance sans fin, abîmés pour certains par le harcèlement policier qu’ils subissent dans la région de Calais, ils ont décidé d’abandonner leur rêve d’atteindre le pays de leur choix, souvent l’Angleterre.
Ils ont renoncé de manière « volontaire » après y avoir été incités par les services de l’Ofii (Office français de l’immigration et de l’intégration). Tous ont bénéficié d’une somme d’argent et d’une place sur un vol retour après s’être engagés à partir du territoire français.
Qui peut en bénéficier ? Qu’est-ce que cela implique ? Comment fonctionnent ces procédures de retours volontaires ? Eléments de réponses.
- Quelles sont les conditions de cette aide ?
L’État français propose un vol retour ainsi qu’une somme pouvant aller jusqu’à 1 850 euros à tout étranger, majeur ou mineur, qui veut quitter la France de son plein gré après avoir passé plus de trois mois sur le territoire. Sont concernées, les personnes en situation irrégulière, celles dont la demande d’asile a été rejetée et les Dublinés.
« Nous privilégions les personnes dont l’entrée en France est soumise à des visas », précise Didier Leschi, directeur de l’Ofii. Ceux qui n’ont pas besoin de visas pour venir en France, comme les Albanais et les Roumains par exemple, ne font pas partie des nationalités prioritaires.
À noter : une personne qui décide d’opter pour un retour volontaire est laissée seule juge du niveau de sûreté du pays dans lequel elle retourne.
- Comment cette aide est-elle proposée aux migrants concernés ?
L’Ofii organise des maraudes auprès de migrants à la rue, comme dans le Nord-Pas-de-Calais par exemple. Des agents de cette administration se déplacent également sur tout le territoire français. Ils peuvent par exemple se rendre dans des centres d’accueil qui hébergent des déboutés.>
« Chaque débouté du droit d’asile reçoit par ailleurs, en même temps qu’une OQTF (Obligation de quitter le territoire français), une documentation sur la possibilité de bénéficier de l’aide au retour volontaire », ajoute Didier Leschi.
- Que se passe-t-il une fois qu’une personne a accepté de rentrer dans son pays d’origine ?
Il existe des centres pour ces personnes en attente de retour. Si le débouté réside en Cada (centre d’accueil pour demandeurs d’asile), il peut aussi rester dans ce logement le temps des démarches nécessaires au retour.
Il s’agit, à ce moment-là, pour les autorités françaises d’obtenir un laissez-passer consulaire, de réserver un billet d’avion et d’organiser le départ. L’attente peut durer plusieurs mois, notamment en raison de la pandémie de Covid-19 et de la fermeture de certaines frontières. La pandémie a d’ailleurs réduit de moitié les retours volontaires cette année (ils étaient 8 700 en 2019).
Selon Didier Leschi, parmi les migrants bloqués, une centaine de Kurdes Irakiens attendent actuellement un vol depuis deux mois.>o
- Quand et comment la somme d’argent d’aide au retour est-elle versée aux migrants ?
Cette somme est donnée au moment du passage de la frontière (à l’aéroport). Elle est remise soit en liquide, soit via une carte de retrait utilisable dans le pays de destination. Cette seconde option dépend toutefois du bon fonctionnement du système bancaire dans le pays en question.
- Une fois de retour, y a-t-il une autre forme d’aide mise en place pour ces personnes ?
Une « aide à la réinsertion », pouvant aller de 3 500 euros à 10 000 euros selon les pays, est disponible pour ceux ayant un projet professionnel concret dans leur pays d’origine. Ces projets, qui peuvent être finalisés une fois de retour, sont évalués par un comité de pilotage constitué par les ambassades concernées, ou autorités locales, et l’Ofii.>
Si un projet est accepté, cette somme d’argent n’est, cette fois-ci, pas versée directement à la personne concernée. Elle est utilisée par l’Ofii pour procéder à des achats de biens qui seront nécessaires à l’activité professionnelle choisie par la personne.
« Nous faisons cela pour avoir des garanties que l’argent servira dans le cadre d’un projet professionnel donné, explique encore Didier Leschi. En Tunisie, par exemple, une personne peut vouloir lancer une entreprise de pêche, nous pouvons alors acheter un bateau. Cela peut aussi se concrétiser par l’achat d’un véhicule pour quelqu’un qui veut devenir chauffeur de taxi, ou par des matières premières pour travailler dans l’agriculture au Mali. »
- Et si une personne ayant bénéficié de l’aide revient sur le territoire français ?
Chaque personne bénéficiant de cette aide au retour volontaire doit donner ses empreintes avant le départ. Elle est ainsi fichée et ne pourra pas en bénéficier une seconde fois.
« Si une personne revient en France après avoir eu droit à l’aide et qu’elle se lance dans une procédure de demande d’asile, nous tentons généralement de bloquer le versement de l’ADA (aide aux demandeurs d’asile) et de faire un signalement à l’Ofpra (Office français de protection des réfugiés et apatrides) », indique le directeur de l’Ofii.