En Tunisie, les migrants subsahariens démunis face à la pandémie de coronavirus

En Tunisie, les migrants subsahariens démunis face à la pandémie de coronavirus

7 décembre 2020 Non Par Fatou Kane

Avec les mesures de confinement prises par les autorités, les Subsahariens installés en Tunisie ont perdu leurs sources de revenus. Et sont particulièrement vulnérables face à la progression de l’épidémie.

« Que se passe-t-il ? » demande Catherine, une aide ménagère ivoirienne à l’un de ses employeurs. Francophone, elle n’a accès à aucune information sur les décisions prises par les autorités concernant la pandémie du Covid-19. Résidente de Bhar Lazreg, quartier populaire en périphérie de la très chic Marsa, où un foyer a été détecté, elle perçoit un regain de fébrilité sans en évaluer la portée.

Quelques jours plus tard, après la fermeture des points de restauration et des commerces, l’instauration du couvre-feu, la réduction de la fréquence des transports en commun et, enfin, l’entrée en vigueur du confinement sanitaire, elle prend enfin la mesure de la situation. Comme elle, la plupart des ressortissants subsahariens en Tunisie, vivant de petits boulots journaliers et de débrouille, ont aujourd’hui perdu leurs sources de revenus et souffrent d’un déficit d’informations.

Une situation qui ne fait que renforcer leurs difficultés d’intégration. « Ne pas comprendre l’arabe est déjà un handicap, mais là on est vraiment livrés à nous-mêmes », raconte Bruno, un ressortissant camerounais sans-papiers qui compte, par crainte d’être confronté aux autorités et à l’ostracisme ambiant, essentiellement sur une communauté qui vit en petits groupes. Au quotidien, ce huis-clos est sans conséquences… Mais la pandémie lui donne une toute autre dimension.

Appel à la solidarité

Sur tous les fronts, Moez Bouraoui, maire de la Marsa, vient de lancer un appel à la solidarité avec les Subsahariens. « À cause des mesures de confinement, et malgré l’aide que leur apportent les ONG sur le terrain, ils sont dans la précarité et le dénuement », alerte-t-il.

Depuis la vague migratoire de 2011, la société civile a répondu présente pour les suivre et les encadrer mais la situation exceptionnelle provoquée par la pandémie exige des actions et des moyens renforcés. Isolés, sans ressources et sans possibilité d’accès à la santé, les Subsahariens ont besoin de denrées de première nécessité, de soins, de prévention et d’écoute.

« Il faut savoir que tant qu’ils ne sont pas terrassés par la maladie, les membres de cette communauté, qui sont pour la plupart irréguliers, ne vont pas avoir recours à un médecin », déplore Mouna Aissani, chargée de la protection à Médecins du monde Tunisie. Pour leur venir en aide, l’ONG travaille avec les associations communautaires, et notamment estudiantines, les réseaux de solidarité dans les quartiers, et les représentants des cultes.