Ramadan: le temps de l’épreuve
19 juin 2015– Le Sénégal est un pays à majorité musulmane (plus de 90% de la population), le ramadan est donc, comme dans tous les pays musulmans, un mois spécial au pays de la «Téranga». Du fait du caractère béni de ce mois, les habitudes changent.
Pour l’année 2015, le ramadan commence le 18 juin, les populations semblent déjà être préparées à accueillir le Ramadan et à se conformer aux rigueurs que cela exige.
Un tour au marché de Keur Massar permet de faire le constat. Les installations des commerçants cote à cote s’emparent du décor avec les clients qui marchent à pas de loups afin de guetter le moindre produit qui intéresserait.
A la veille du début du mois béni, les marchands de dattes, de («sothious») cure dents, de laits, de sucres sont pris d’assaut. Car la préoccupation majeure des ménages est d’assurer un bon «Ndogou».
Amadou, trouvé dans son local entrain de remplir de dattes des sachets plastiques, confie se frotter les mains à la période du ramadan : «mon plus gros stock arrive en cette période, et j’arrive à écouler l’intégralité. Les gens achètent en grosse quantité, ils commencent à venir une semaine avant le ramadan. Mais l’affluence c’est à la veille du début du jeûne. En tout cas on ne se plaint. La vente de datte marche bien. Macchallah», s’exclame t-il.
Si les dattes sont à l’honneur à l’heure de la rupture du jeun, les «sothious» (cure dent) sont les véritables convoitises dans la journée où le jeun est de rigueur. De ce fait il est impossible de marcher sans apercevoir un vendeur de «sothious». L’un d’entre eux s’appelle Alioune, transportant son commerce à l’épaule comme il est de coutume chez eux, fait remarquer que la vente de «sothious» c’est durant tout le mois de ramadan. «La vente de «sothious» se porte bien même en dehors du contexte de ramadan. Pendant le mois de béni les ventes explosent c’est pourquoi certains se consacrent à l’activité pendant cette période pour se faire de l’argent. En plus de l’hygiène buccale que cela apporte, les «sothious» permet aussi de tromper l’ennui», soutient-il.
Mais quand on parle de Ramadan tous les esprits sont tournés à la foi, la dévotion, la pudeur, et la décence. Ce à quoi la plupart de la gente féminine surtout les jeunes filles ont du mal avec des tenues vestimentaires non conformes.
A cet effet les filles rencontrées aux alentours du marché de Keur Massar promettent de faire des efforts vestimentaires. Comme l’atteste Coumba Diagne, 25 ans, habillée sexy, le jean qui épouse bien les formes du bas du corps et le haut qui couvre à peine. La demoiselle qui a fini de faire ses emplettes comme le témoigne son panier à la main bien fourni compte bien revoir ses habitudes vestimentaires : «en tant que musulmane, la moindre des choses c’est de s’habiller comme il est conseillé c’est-à-dire décemment pendant le mois du ramadan. On va se vêtir de tenues plus amples, meulfeu, grand boubou entre autres. Les vêtements sexy on les range au placard», assure t-elle.
Abondant dans le même sens que son camarade, Nafy. elle indique n’avoir pas d’autre choix durant cette période que de se mettre aux tenues traditionnelles. «On va ranger les habits sexy, les collants, les jeans et autres pour se mettre au tenu plus décent. Vu qu’on est habitué à ce style, ce sera difficile pour certaines car on constate que après deux semaines de jeune elles retournent à leurs habitudes. En tout on va faire des efforts au niveau des tenues vestimentaires», laisse t-elle entendre.
A l’approche du Ramadan les mosquées ou autres édifices religieux sont remis à neuf afin d’accueillir les fidèles jeûneurs.
C’est le cas de la mosquée du quartier de Médina Kélle, une localité sise à Keur Massar, qui a affiché un nouveau visage en vue de préparer les «nafilas» (prières de la nuit). Mamadou Tall, habitant du quartier et responsable du lieu de culte informe du renouveau : «chaque année une semaine avant le ramadan, les riverains s’activent à des opérations de nettoyage à l’intérieur de la mosquée et en dehors. Des nattes sont achetées pour les nombreux fidèles qui vont rallier le lieu de culte. On y prépare aussi des «Ndogou» pour les plus démunis ou pour ceux qui sont rattrapés par l’heure de la rupture sur leur chemin», a-t-il soutenu.
De son côté, Mère Arame habitante de la localité estime que le mois de ramadan rime avec grosses dépenses : «on dépense plus durant le mois de ramadan qu’en temps normal. Car il est nécessaire d’acheter tous les denrées (café, lait, riz, huile, fruits, sucre), rien ne doit manquer. Avec aussi la distribution traditionnelle des «soukarou koor» aux parents et voisins c’est très dur financièrement. Mais on s’en remet à Dieu, chaque année on s’en sort grâce à lui», déclare t-elle.
SENENEWS.CON