Dans nos sociétés pressées, le migrant est transparent
2 juin 2015Dans nos sociétés pressées, le migrant est transparent
C’est le paradoxe des migrants. On commence à les voir quand ils ont disparu. C’est vrai pour les morts de la Méditerranée. C’est aussi vrai au cœur de Paris. Les 380 Africains du campement de la station de métro La Chapelle dans le 18e arrondissement devraient être évacués cette semaine. Ils étaient installés là depuis huit mois dans l’indifférence générale.
Leurs récits fous de vie déplacée, ces histoires à dormir debout qu’ils sont toujours prêts à raconter, on préfère les entendre à la télévision que s’arrêter à les écouter. Dans nos sociétés pressées, le migrant est transparent. D’ailleurs, les autorités s’emploient à rendre toujours plus invisibles ces nouveaux parias. Pour s’en convaincre, il n’y a qu’à lire l’anthropologue Michel Agier. Il a longuement théorisé cette façon de repousser ces indésirables toujours plus loin de nos regards.