Caché dans les bagages du « train des migrants »
26 mai 2015« Son père me l’a envoyé du Mali il y a deux semaines et je l’accompagne dans la famille en banlieue parisienne. Mais il n’a pas de papiers », raconte au petit matin son oncle, installé dans le compartiment voisin, en règle, lui, avec l’Italie et « inquiet pour le petit ».
Une fois oubliés le parfum de l’expresso et le tanin des vins français, une fois jaunies les photos souvenirs de leur voyage en Europe, il restera « la nuit en Thello ». A entendre les conversations matinales des Américains et des Mexicains occupant les couchettes 60 à 64, dans la voiture 86 du train de nuit reliant Milan à Paris, le moment le plus incroyable de leur périple sur le Vieux Continent aura été cette nuit du 18 au 19 mai. Bakou, un jeune Malien de 16 ans, était supposé dormir dans une des couchettes supérieures de leur compartiment. Au réveil, les deux couples se sont étonnés qu’il préfère le dégagement destiné aux valises, au-dessus de la porte, plutôt que son lit. Ils n’étaient pas loin de conclure au goût du jeune homme pour les couches rudimentaires, quand s’est imposée l’évidence dans la tête de ces touristes, un peu égarés dans le « train des migrants ».
« Je l’accompagne dans la famille en banlieue parisienne. Mais il n’a pas de papiers »
La stratégie de Bakou était donc en lien avec la grande affaire européenne du moment : l’arrivée d’une vague migratoire sur les côtes italiennes, suivie d’une remontée de certains vers les pays du nord de l’Europe. A sa montée, à Milan, il n’a confié ni pièce d’identité ni titre de séjour au responsable du wagon. « Son père me l’a envoyé du Mali il y a deux semaines et je l’accompagne dans la famille en banlieue parisienne. Mais il n’a pas de papiers », raconte au petit matin son oncle, installé dans le compartiment voisin, en règle, lui, avec l’Italie et « inquiet pour le petit ».