« On n’a rien pour dormir. La nuit, on marche » : en Ile-de-France, les migrants face à une précarité toujours plus grande

« On n’a rien pour dormir. La nuit, on marche » : en Ile-de-France, les migrants face à une précarité toujours plus grande

28 décembre 2020 Non Par Fatou Kane

Depuis les évacuations de campements à Saint-Denis et place de la République, à Paris, en novembre, les exilés se retrouvent en situation d’errance, dans un dénuement total. « Le Monde » a pu suivre, dans la nuit de mercredi à jeudi, une maraude qui leur vient en aide.

Lorsque nous le rencontrons, un soir glacial de décembre, Mustafa porte un sweat-shirt fin sur le dos. Il a serré les cordons de son pull au niveau du cou pour affronter ce vent humide qui saisit le corps et raidit les muscles. A ses pieds, deux sacs plastique laissent entrevoir un modeste kit de survie où sont rangées quelques affaires de rechange. Ce Soudanais de 22 ans, qui a fui la guerre civile dans son pays, engloutit une platée de riz servie par le collectif Solidarité migrants Wilson, dans le 19arrondissement de Paris. Il raconte : « Toutes les nuits, on marche. Vers Saint-Denis, gare de l’Est… » Son compagnon de route, Abakar, un Soudanais de 27 ans, poursuit : « On n’a pas d’endroit où dormirPas de tente, pas de couverture. A partir d’une heure du matin, il fait vraiment très froid. »

Plus loin, Moussa, 23 ans, squatte un bout de trottoir à deux pas du périphérique. Avec trois camarades afghans, il se prépare à sillonner le nord de Paris dans l’espoir de trouver un point de chute décent pour la nuit. Dépité, Moussa lâche : « Je suis malade. On est beaucoup à avoir des problèmes au corps. » Le jeune homme – qui a demandé l’asile en France – sort de son sac un classeur vert. Il en tire un document de l’hôpital Bichat indiquant qu’il souffre d’une pneumonie. « Et je suis dehors…, s’indigne-t-il. Si vous voyiez où on dort, vous pleureriez tellement c’est sale. »